Je découvre une information véhiculée par Grand Lille TV, selon laquelle le parti socialiste veut que la langue arabe soit enseignée au collège, en tant que première langue, au même titre que l'anglais, l'espagnol, l'allemand.
Suit l'entretien d'un professeur Denis Legros de Paris VIII, qui nous affirme textuellement : "La géopolitique et aussi la prospective politique montrent que la langue arabe est devenue une langue incontournable dans le contexte de la mondialisation et que si l'on ne prend pas en compte le contexte linguistique, le contexte culturel des locuteurs, des individus qui vivent en France en particulier, si on ne tient pas compte de leur culture, si on ne tient pas compte de leur vie, c'est non seulement une perte, mais c'est aussi un manque dont on aura du mal à se remettre."
J'avoue ne pas comprendre pourquoi ce personnage ne fait pas cette déclaration directement en arabe. Alors, il suffirait de remplacer le qualificatif "arabe" par celui de "français" pour que le brûlot politique auquel il participe (idiot utile ou utilité idiote? pour enrichir une citation historique) se transforme en une position logique, claire, et nécessaire.
Car la seule partie réelle de sa déclaration tient dans ce que sa première ligne dévoile incomplètement : "la géopolitique et la prospective politique...". Tout le reste n'est que fatras destiné à endormir les bobos et les gogos.
Oui, la géopolitique et le prospective politique sont en première ligne... de combat. Elles affirment que la France, par sa culture, ne peut se développer, voire survivre, que si une langue unique la fortifie. Rares, d'ailleurs sont les pays, qui, comme la Suisse, échappent sans dommage à cette donnée.
C'est pourquoi cet homme, en sa longue phrase, insulte tous les Français qui font l'effort de soutenir le sens profond de leur langue, dans toutes ses beautés, ses acceptions, ses limites, ses découvertes, ses enrichissements, ses verdeurs et ses indignations qui me permettent de lancer un vigoureux "parlons français, bordel !" et qui sont nécessaires à la survie de ce pays... s'il le veut.
Il les insulte aussi en les taxant a priori d'incompétence à comprendre celui qui parle une autre langue. Je ne sais ce qu'il découvre de lui à cette occasion, mais il devrait réfléchir à ce que toute personne de toute origine en revient toujours au fonds commun de sa langue maternelle pour exprimer ce qu'elle a compris et retiré d'une autre. Apprendre la culture d'un autre, ne passe pas par la connaissance superficielle de sa langue. Apprendre la culture d'un étranger nécessite la traduction aussi complète et réelle que possible qu'un spécialiste de notre langue peut nous l'apporter. Je n'ai nul besoin de parler inuit, de saisir leurs vocalises gutturales, pour tenter d'approcher l'idée de la crainte du grand ours blanc, pour imaginer le travail nécessaire à la confection de leurs outils traditionnels. Le livre bien français de Paul-Émile Victor m'offre bien plus et bien mieux que tout baragouinage entre un Inuit et moi.
Comprendre la culture arabe (inuit, allemande, etc.) c'est d'abord enrichir ses propres langue et culture. À observer notre monde, à l'écouter, à en recevoir des textes, (je sais de quoi je parle) je me sens armé pour proposer que nous fassions d'abord revenir le français et sa culture à un niveau acceptable dans toutes les classes de populations, avant d'approcher un niveau de qualité. C'est un effort nécessaire. Ben oui, oui mais ben bon, y'a pas photo, à l'insu de mon plein gré... NTM !
Que la langue arabe soit riche, c'est incontestable. Que de grands poètes l'aient illustrée, oui. Que la culture arabe mérite d'être connue, oui. Que je veuille établir un pont de connaissance avec un interlocuteur arabe, oui. Mais ce dernier point sera toujours d'autant plus fort et riche que nous serons l'un et l'autre forts et riches en nos langues maternelles, et que, si nous voulons vivre ensemble, nous devrons parler la langue de cet état. Ce n'est pas suffisant, mais c'est indispensable. Les éléments constitutifs de la paix, de justice et de survie en dépendent.
Le reste n'est que tromperie, argumentation faisandée, ou erreur d'interprétation nécessitant d'autres investigations psychologiques.