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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 21:26

 

Pour mieux comprendre ce qui s’est passé, on doit approfondir cette troisième lecture et rejeter le refus de la réalité, quitte à plonger dans l’horrible, avec le respect que l’on doit, aux victimes, à ses proches, mais aussi à la vie réelle, celle des hommes et du groupe qu’ils constituent. Les lignes suivantes indigneront(évidemment) les professionnels adéquats, mais elles ne peuvent être évacuées du débat.


Qu’il soit présumé assassin ou meurtrier (la différence légale est fondamentale) observons déjà que le « fameux » TM s’est trouvé devant la quasi-obligation de se débarrasser du corps. Forçons-nous à ne pas nous tromper de barbarie. C’est bien le fait de tuer, et ses conditions qui déterminent le caractère barbare ou non de l’acte. La suite, si horrible soit-elle, n’en est qu’une conséquence, où se conjuguent, certes le fait barbare, mais également les comportements préalables, la bêtise insondable, et tous les parasites de l’agitation humaine, les traces de l’inconscient collectif et y compris... une certaine logique.


Ce n’est ni la première, ni la dernière fois qu’un tueur (isolé ou en groupe) mettra en jeu des techniques écœurantes, pour se débarrasser du ou des corps. Pourrait-il en être autrement, sauf à laisser derrière lui le maximum de traces destinées à le confondre... ou à « glorifier » son acte. Ici encore nous devons nous obliger à réfléchir sur les mécanismes ancestraux qui se mettent en œuvre, dès que la mort a fait son apparition.


Les ethno-archéologues ont repéré cette frontière importante de l’humanité : l’apparition d’un culte des morts. Bien entendu, nous y adjoignons immédiatement nos images et schémas conceptuels contemporains, à base de respect, de pleurs, de pseudo-sanctification inadéquate, éventuellement d’esthétique mortuaire, et finalement d’enfouissement. Nul besoin d’insister sur les variations de ce déroulement, que nous partageons avec les pharaons égyptiens et... les singes du ruisseau de la Chiffa en Algérie.


D’une certaine façon, tous ces comportements réputés normaux, avec leurs variantes, sont des rites de passage et d’accompagnement de ce passage.


Un degré complémentaire est franchi lorsque est proposée à la conscience la communion des corps et des esprits, la transmission des forces (y compris celle de son ennemi) dont la première version n’est autre que l’anthropophagie rituelle, avec tous ses risques médicaux associés. Nous a-t-on assez « bourré le mou » avec la maladie de la vache folle ! Mais qui, à l’époque, a souligné que l’encéphalite post-antropophagique ou kuru des indigènes de Nouvelle-Guinée, dont le dernier cas connu remonte à 2003, n’a cessé qu’après la « stimulation » efficace de la fin de cette pratique.


Chez nous, des cas d’anthropophagie isolés se produisent périodiquement. Poussons encore plus loin notre raisonnement pour nous demander quelles autres raisons que simplement « utilement frigorifiques », ont poussé certaines mères, après avoir assassiné leurs enfants, à les conserver dans des congélateurs, dont l’utilisation domestique est tout de même plus proche de la cuisine que de la « nursery ». Le classique jeu du « je te mange » qui fait tant rire les enfants, interroge bien plus les psychiatres, quand il devrait parfois les effrayer.


Car nous devons avoir le courage de dire que la barbarie ressurgit, qu’elle n’est pas réservée aux seuls « kamikaze » (un mot qui insulte les aviateurs japonais de la dernière guerre), mais qu’elle développe ses tentacules : clans « sataniques », violence des plus jeunes, revendiquée comme marque d’appartenance à certaines communautés, alors qu’en même temps, les films d’horreurs, les jeux vidéo, et même les écrits diffusés sur internet, à tripes ouvertes, à sadisme sanglant, à monstruosités puantes, attirent les foules et les adolescents en particulier.


Lorsqu’on n’est pas préparé à la mort, à ses laideurs, et spécifiquement à celles dont certains hommes sont susceptibles de les accompagner, il est bien normal que, les sentiments, les images, prenant le dessus, parasitent les premiers mots, et poussent à des discours maladroits.


Lorsqu’on refuse, par bêtise, par aveuglement ou par stratégie politique, de comprendre cela, on s’expose à devenir inefficace, et à trébucher devant un acte de barbarie plus médiatisé qu’un autre. De là à ce que la fameuse « indignation » parasite tout autre comportement responsable, de part et d’autre, (et nos juges feraient bien de tourner leur langue sept fois et plus dans leurs bouches en ce dixième anniversaire de l’affaire d’Outreau !) et aboutisse à la cacophonie politico-judiciaire, il n’y avait qu’un pas.

Il a été franchi.

 

 

Fin de la deuxième partie

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commentaires

1
<br /> Cette fois ci, je suis moins en phase avec vous: j'aurais personellement développé le dernier paragraphe en ciblant ces magistrats laxistes voir incompétents, épaulés - vous avez raison de le<br /> souligner - par des medias complaisants et hostiles au gouvernements, prêts à mettre en avant toutes les déclarations imbéciles de ce grand corps administratif comme le montrent ce matin sur les<br /> radio périphériques les déclarations des Procureurs de la République. Tout cela participe d'une volonté politique de déstabilisation et je crois que j'aurais volontiers insisté sur ce point plutôt<br /> que sur l'anthropophagie potentielle des meurtriers. C'est ma seule réserve.<br /> <br /> <br />
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  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
L'homme avant les termites
L'idéal sans l'idéologie
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