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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 09:43

Si l’on se réfère à la vulgate issue de Montesquieu, nous ne connaissons que trois pouvoirs : le législatif, le judiciaire et l’exécutif, artificiellement séparés. L’image tripôlaire est certes un extraordinaire outil de travail pour approcher la connaissance d’un groupe, d’une nation, d’un État, ou d’autres fonctions, mais ici elle pêche par quatre défauts.

 

Premier défaut, qu’on le veuille ou non, ces trois points définissent un triangle de forme variable. La belle équilatéralité ne serait qu’un cas de figure bien hypothétique. Qui plus est, pour pour peu qu’on associe à chacun d’eux un poids relatif, ce triangle sort du plan géométrique unique. Autrement dit, si la géométrie nous fournit une base de compréhension, la vie lui adjoint d’autres paramètres qui en compliquent les formes. Mais retenons le fait fondamental : la liaison des pôles, qui bat en brèche la notion bien léchée de séparation des pouvoirs. Ici, nous parlerions plutôt de biodiversité et d’interrelations.

 

Deuxième défaut : focalisés sur les pôles et les liaisons, nous oublions les surfaces et les volumes qu’ils délimitent, à savoir les administrés de ces pouvoirs. En quelque sorte, nous négligeons un autre niveau relationnel, nous ne voyons que les structures apparentes. Nous négligeons le « vide » qu’elles délimitent. C’est une des caractéristiques de l’esprit occidental. Ou, si nous ne le négligeons pas complètement, nous tentons de le masquer avec du bourrage (dont les crânes ne sont pas les derniers à souffrir). Le mot « démocratie » trouve ici sa vraie place. Ce faisant, nous déséquilibrons en permanence la courageuse tentative de maintien de notre beau triangle.

 

Troisième défaut, issu des deux premiers : la mise en place d’autres pôles de pouvoir, reléguant notre triangle de base dans les rayons poussiéreux du musée des bonnes volontés. Ainsi sont apparus le pouvoir financier, le pouvoir médiatique, et le pouvoir associatif, avec toutes les relations des uns aux autres, dans toutes les directions, et avec toutes les forces possibles. Je ne parlerai même pas des sous-produits, de ces alliances dont on finit par ne plus savoir si elles sont naturelles ou contre-natures.

 

Le quatrième défaut, qui peut-être domine tous les autres, est l’évacuation « démocratique » du pouvoir métaphysique, c’est à dire plus prosaïquement religieux, remplacé par un émiettement confusionnel de lois vaguement teintées d’une morale élastique et mal comprise.

 

Àpartir d’une base aussi défaillante, les hommes les mieux trempés auraient du mal à élever une construction solide. Si en plus ils s’y débattent comme promeneurs aventurés en sables mouvants...



Fin de la troisième partie

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  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
L'homme avant les termites
L'idéal sans l'idéologie
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