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24 octobre 2009 6 24 /10 /octobre /2009 21:33


 

Dès le matin, la vie s'organise autour des premiers cafés, et des premiers grands rires. Car notre Rory n'en est pas avare, et les clients qui passent également. Arrivent aussi le père, le grand-père. Valérie, la femme de Rory s'occupe de la partie comptable. Terry, le mécanicien, reprend son activité silencieuse, car le travail ne manque pas. Nous nous intégrons à cette activité familiale et détendue. Je me renseigne périodiquement auprès de Rory qui téléphone aussi souvent que possible à des destinations lointaines pour obtenir des renseignements sur le camion (c'est la première fois qu'il voit ce modèle) ses caractéristiques, les pièces nécessaires. Je finis pas comprendre qu'il faudra changer le joint de culasse. Cela me paraissait nécessaire après la surchauffe. Mais après, le moteur s'emballe. Je parle du moteur oral de Rory qui se lance dans de multiples explications sur les résultats de ses appels. De temps à autre je lui demande de ralentir le débit pour laisser le temps à mes neurones francophones de se repérer. Il obtempère jusqu'à ce que le naturel l'emporte.

 

Une chose est certaine: je fais des progrès en anglais terre-neuvien. À la fin du séjour, je serai capable de m'y repérer. Je reviendrai plus loin sur cet aspect local aussi charmant que déconcertant. Mais pour l'instant...

 

Puisque nous sommes bloqués, le mieux est encore d'en profiter pour poursuivre mes autres travaux littéraires: lecture, écriture, organisation, retour aux nouvelles, et le cycle recommence. Je peux à peu près deviner de loin quels appels téléphoniques de Rory concernent notre camion: ce sont les plus longs, les plus animés, qui se concluent généralement par une moue de déconvenue. Je finis par comprendre que, si le camion date de 1987, le moteur, lui, est un modèle de 1982, et que cela augmente la difficulté de trouver le bon joint de culasse et quelques autres pièces annexes. Chaque jour amènera ses nouvelles, en provenance de Saint-John's, de Halifax, de Vancouver, puis du Texas. Chaque interlocuteur fouille dans ses stocks et ses relations, sans résultat. Comme me le répète Rory: "si c'était une marque locale...". Oui, mais allez donc trouver une marque locale qui construise un van 4x4 transformable en camping-car répondant à nos critères. Aussi bizarre que cela paraisse, c'est presque un épisode de "Mission impossible".

 

Pour l'instant, la mission impossible revient à Rory, mais chacun s'ingénie à nous réconforter. Parents, amis de passage, qui témoignent du sérieux de Rory, de ses efforts, de ses qualités mécaniques. On nous amène du poisson, des myrtilles, et on s'offre à nous véhiculer vers d'autres centres d'intérêt en ville.

 

Oui, la vie s'organise, et les jours passent, sans qu'on puisse estimer un délai précis, mais aussi sans que faiblisse l'optimisme de Rory. Poursuivons notre voyage immobile.

 

 

 

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  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
L'homme avant les termites
L'idéal sans l'idéologie
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