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25 octobre 2009 7 25 /10 /octobre /2009 03:23








Un matin, on nous propose de nous amener à la fondation Coaker. Allons-y! Nous avions bien repéré le panneau d'entrée faisant référence à une action syndicale. Aujourd'hui, nous visitons le site initial.

 

Effectivement, en 1908, William Coaker entreprit de créer l'Union de Protection des Pêcheurs. En 1916, on passait à l'achat d'une bande de terrain, et à la construction de bâtiments. Le projet était d'importance. Il s'agissait de se donner les moyens d'échapper à la domination des grands marchands de poissons de Saint-John's. En 1926 l'union des pêcheurs avait installé des magasins de vente au détail, des chantiers de construction navale, un système de payement équitable pour que les pêcheurs puissent acquérir le matériel nécessaire à leur métier sans s'endetter au long cours. Un complexe associatif offrait l'espace nécessaire à des pièces de théâtre, à de grandes réunions syndicales qui fonctionnaient selon un découpage à trois étages (sections locales, conseils de district et conseil supérieur). On installa aussi une infirmerie, une église, une gare et une usine hydro-électrique. Pour bien se rendre compte de l'ampleur de l'entreprise, il faut savoir que la génératrice de 400 chevaux (il n' y en avait que quatre à Terre-Neuve en 1918) alimentait non seulement les principaux bâtiments de Port Union, mais également les villes voisines d'Elliston et de Clarenville, et ensuite, une bonne partie de la péninsule de Bonavista. Quant aux bateaux, plus d'une dizaine ont été construits entre 1918 et 1933, jaugeant de 50 à plus de 400 tonnes. Le grand port, souvent libre de glace jusqu'en février, pouvait en abriter une bonne centaine.

 

Je ne sais exactement ce qu'il est advenu de cette grande organisation. J'imagine que des réactions ont dû se produire. Quand on bouscule les monopoles, il faut s'attendre à quelques sursauts désagréables.

 

Nous longeons les quais où sont exposées des machines-outils de cette grande époque, ainsi que différentes photographies nous faisant plonger dans des témoignages étonnants :"on partait parfois pour un mois, un mois et demie, même deux. Et on n'avait nulle part où laver nos vêtements... On portait de bonnes vieilles combinaisons Penman... on dormait dedans un bon mois de temps" affirme un nommé Phil Donovan.

 

Aujourd'hui, une fondation a repris les bâtiments qui servaient de logements. Ils me font penser aux corons du Nord. Nous les longeons, lorsque qu'une porte s'ouvre. Une dame au grand sourire s'offre à nous expliquer l'histoire locale. Nous venons de rencontrer Deanne. Devant notre intérêt, elle nous invite à entrer. Elle fait partie d'un groupe de travailleuses sociales qui entretiennent ici des activités féminines. Si nous avons faim? Oui. Alors les plats locaux sortent comme par enchantement. Nous faisons honneur aux recettes multiples qui associent les salades aux scruncheons, déjà connues, la viande d'élan, les biscuits de "hard bread" (pain dur ne serait qu'une approximation) à la morue, les macaronis au fromage, les muffins, les tartes aux myrtilles, et de la gelée aux bonnes couleurs anglo-saxonnes.

 

Nous évoquons les histoires des familles locales. Deanne et ses amies ont toutes des origines françaises, et elles nous parlent avec une certaine fierté de leurs ancêtres bretons qui ont enjambé les rambardes de leurs embarcations pour retrouver la terre plus hospitalière, ou une jeune beauté locale. Et puis la langue anglaise a pris le dessus, certains de ces grands-pères s'étant acclimatés, d'autres ayant mystérieusement disparu sans laisser d'adresse. Quelques livres ont-ils relaté ces aventures? Elles ne le savent pas vraiment, mais nous donnent les références d'un auteur local.

 

Il faut que nous trouvions le livre de Françoise Engehard: "Tales of dog island". Il faut aussi revenir au camion, où Rory, plus jovial que jamais, nous annonce que les fameuses pièces qu'il croyait recevoir bientôt, sont en attente, mais on ne sait où.

 

Terre-Neuve est bien une île.

 

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  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
L'homme avant les termites
L'idéal sans l'idéologie
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