Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 20:11

 

Afrique_Discours_modifie-44.jpg

Un colloque était organisé en ces premiers jours d'octobre à l'université de Bretagne occidentale, l'UBO. Le thème en était "l'Afrique en discours, lieux-communs et stéréotypes de la crise". Le professeur Michael Rinn, responsable avait organisé la session à la faculté des lettres et sciences humaines de Brest. Notre ami et membre du comité de parrainage, Philippe Basabose, y présentait une communication sur le thème de "L'Itsembabwoko : modes et modalités de rechargement d'un discours stéréotypé" .

 

Présenté ainsi, il serait inutile de préciser que la grande ombre du génocide au Rwanda plana sur les trois jours de travail. Cette notion de génocide étant mieux traduite en langue locale par le terme "itsembabwoko". Mais d'autres ombres, et j'insiste sur ce terme, furent également mises en lumière. Effectivement, comme le soulignèrent tous les participants, d'origines diverses, tant géographiques que professionnelles, les occasions de présenter l'Afrique sous un éclairage trouble, mystérieux, dangereux, exotique, noir pour oser un double sens dont aucun ne me tiendra rigueur, ne manquèrent pas. Mais la réalité ne saurait se résumer à ces alignements de stéréotypes, comme chacun des participants s'attacha à le démontrer, témoignages et preuves à l'appui, dans les domaines de la littérature, de la réflexion, de la vie.

 

Il s'ensuivit une élaboration progressive d'une pensée discursive concernant les relations qui mènent du stéréotype à l'action en passant par les stades, du cliché, du préjugé, de l'usage de ces fonctions de reconnaissance, ou pour être plus précis, de fausse reconnaissance, de connaissance d'urgence, ou pire de méconnaissance ou de déni de reconnaissance, et jusqu'au pire.

 

Ainsi se développèrent des questions multiples comme par exemple, celle du renversement du stéréotype en un stéréotype adverse, celle de la valeur objective ou non d'un stéréotype, etc. Autant dire, que le colloque aurait pu se poursuivre par un autre, axé sur une logique aristotélicienne, auquel celui de ces jours derniers aurait servi de fondement, ou de cursus d'exemplarité.

Qui plus, est, ayant ainsi convoqué l'Afrique au sein de nos consciences, mais aussi de nos inconscients, de nombreux participants, dont je suis, eurent l'heureuse surprisesi cela en était unede constater, au fil des interventions, qu'une humanité se mettait debout, et que, par l'intermédiaire de cette exemplarité africaine, la relation d'un "soi" à un "lui", devenait une relation de soi à un autre soi, plus ample, plus pleine, plus proche d'une meilleure compréhension dont ne serait exclue ni la fonction stéréotypique, ni celle, plus large, d'acceptation compréhensive.

 

 

Le Professeur Michaël Rinn mit fin aux séances, mais non aux réflexions, en argumentant sur des images parues dans le journal le Monde du 13 octobre 2006, émotionnellement évocatrices des massacres du Darfour. Il questionnait ainsi les limites, les frontières les dangers de trois topiques. L'une, humanitaire, que je pourrais qualifier de topique du généreux donateur, consistant à faire agir un autre que soi-même, en son lieu et place. La deuxième, qualifiée de "l'humain essentiel", amenant l'acteur à se positionner en une sorte de héros sauveur, valorisant sa propre image idéale; enfin la troisième celle de "l'humain intégral", amenant, non seulement une synthèse des deux précédentes, mais également l'ensemble des questionnements posés au cours de ces trois jours de travail, ainsi que ceux que l'avenir voudra bien nous proposer.

 

En ai-je assez dit pour résumer ces trois jours d'intense réflexion collective ? Certainement pas, au regard de la richesse de toutes les contributions. Elles furent d'ailleurs si nombreuses et si pleines que j'ai dû me résoudre à survoler l'ensemble et à en tirer ce que j'ai cru correspondre à la substantifique moelle. Mais peut-être trop, car, agissant ainsi, j'y ai ajouté mon grain de sel, qui j'espère, aura servi à relever l'ensemble sans le dénaturer. Quoi qu'il en soit, des actes paraîtront, qui complèteront ou rectifieront mes lignes.

 

Et j'aurais manqué à la plus parfaite réalité si je ne mentionnais ce que le sérieux des futurs actes ne pourra fairele climat de richesse humaine partagée, vivifiant le dîner qui nous réunit au domicile du Professeur Rinn, qui ajouta ainsi, à sa profondeur de pensée la preuve de son exquise urbanité.

 

 

Pour ce moment et ces trois jours, qu'il en soit remercié, avec son épouse, ainsi que tous les participants rencontrés, à qui j'adresse mes excuses de ne pouvoir tous les citer, l'affiche ci-dessus m'en donnant témoingnage.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Profil

  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
L'homme avant les termites
L'idéal sans l'idéologie
  • la littérature en partage L'homme avant les termites L'idéal sans l'idéologie

Recherche