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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 21:40

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La revue Actualités de l'Histoire dans son numéro 107 de Juillet publie un article de Philippe Lamarque intitulé "Le premier Monument du troisième Millénaire : la Renaissance africaine".

 

Si l'on se contente des quelques images vues à la télévision et aussitôt bousculées dans le flot de l'actualité, on aura perdu de vue le sens de ce monument, malgré ses dimensions qualifiables de gigantesques. Mais si l'on veut en saisir la portée, cet article est fondamental. Donnons-en tout de suite une approche télégraphique tirée du chapeau de l'article : "cinquantenaire des indépendances... la vision des prochains siècles... un colosse vient de surgir... puissant signal émis à l'intention de la planète... l'image, l'allégorie et le symbole convergent tous trois vers l'intelligence de l'esprit et celle du cœur."

 

Si l'on se contentait de ces quelques phrases, on pourrait croire à une louable littérature de circonstance... et ce serait dommage. La réalité est bien plus profonde, si l'on peut dire pour un monument aussi élevé, et bien plus belle. C'est le coup de maître de Philippe Lamarque de nous emporter (le mot n'est pas trop fort) dans une spirale de pensée qui relie la politique internationale (le président de la république du Sénégal, maître Abdoulay Wade est un fervent défenseur d'une vision panafricaine), la pensée qui a conçu ce monument, et ses implications mathématiques dont Philippe est un éminent spécialiste.

 

En lisant cet article vous réfléchirez sur l'emplacement symbolique de ce monument de la presqu'île du cap Vert, les collines des Mamelles, dont l'une d'elles est déjà occupée par le phare le plus puissant de la côte africaine atlantique à son point le plus occidental.

 

Mais vous suivrez aussi les étapes de la pensée du président Wade dont il n'a pas fait mystère dans son livre Un Destin pour l'Afrique, paru en 1989. Il s'agissait alors de mettre en place trois personnages, bras ouverts dans un élan d'étreinte, représentant l'Europe, les États-Unis et l'Afrique, et de "substituer à des rapports conflictuels des quatre siècles d'incompréhension, bâtie au départ sur le commerce triangulaire, une union de raison, de complémentarité culturelle et de cœur."

 

Presque trente ans plus tard, le même homme, passant au dessous de la fameuse colline fut investi par la vision fulgurante d'un athlète africain suivi de sa femme et tenant son enfant dans ses bras, symbole d'une Afrique libérée.

 

Une vision politique étroite pourrait s'en tenir là, évoquer le cheminement d'une pensée d'abord hésitante, puis raffermie et conquérante. Ce serait juger à mauvaise aune, et c'est tout l'intérêt de cet article que de nous faire réfléchir aux implications symboliques de l'œuvre.

 

Les quatre éléments fondamentaux ont été associés à sa genèse, mais d'autres forces ont été appelées en renfort. Il faut alors accepter de dépasser les interprétations brusques ou fielleuses, les critiques qui, sous un masque esthétique, en appellent sans le dire à une opposition politique ou au célèbre "avec ce argent on aurait pu..."

 

C'est ici que Philippe Lamarque nous rappelle la difficulté d'interpréter le sens profond de ce type de monument qui se montre d'autant plus qu'il crypte d'autres messages. En quelque sorte, si, reprenant notre célèbre petit Prince, "l'essentiel est invisible pour les yeux", nous pourrions ajouter que cette invisibilité est parfois le fait d'une ostentation forcée.

 

Outre les fameux quatre éléments dont seule l'harmonie maîtrisée permet les constructions pérennes, maître Wade, mathématicien et disciple d'Aristote (et l'on sent bien la complicité avec l'auteur de l'article) a infléchi les proportions, directions, mesures du monument de façon à orienter les esprits des spectateurs, à leur insu ou en sympathie avec les initiés, vers une pensée que l'occident a bien peine à retrouver.

 

Ainsi Philippe Lamarque nous entraîne sur le chemin du pèlerinage et des légendes de la confrérie layène qui reprennent ici la tradition universelle du roi caché, du sauveur attendu, qui parcourt les religions, ou même, sans qu'on le remarque, imprègne des espoirs bien plus prosaïques.

 

Qui plus est, il évoque la convergence d'une science mathématique qui associe les axes sacrés du monde, les proportions fondatrices des grandes civilisations, et une géographie métaphysique, voire une datation intemporelle. Le monument fut inauguré le samedi de la semaine sainte selon le calendrier grégorien, représentant le fait que "le porteur de lumière est libre d'agir, au moment où l'hypostase humaine de Dieu est absente".

 

Je sais bien que ces données sont plus difficiles à manipuler pour nos esprits dits cartésiens que les codes secrets de nos cartes bancaires (dont les proportions étonneraient plus d'un) et c'est pourquoi je ne m'y lancerai pas ici, laissant à ceux qui le souhaitent le plaisir de découvrir cet article et les pistes de connaissance qu'il ouvre.

 

Ce qui est fondamental, c'est que je vois sur une des photos de cet article, deux hommes se serrer la main, l'auteur Philippe Lamarque et le Président Wade. Aussi dissemblables qu'ils puissent paraître, ces lignes prouvent qu'une grande parenté intellectuelle les relie, et rien que pour cela...

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  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
L'homme avant les termites
L'idéal sans l'idéologie
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