Écrire plusieurs fois par semaine, un billet qui tâche, non pas de répéter des bobards, mais de dégager un sens plus profond à l’actualité n’est pas une tâche aisée. Mais elle est parfois dramatiquement gratifiante.
Exemple : mon récent article intitulé : Les Obsédés de la violence routière en restent muets. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il a été écrit avant que se produise le terrible accident de Joué-les-Tours, et, jusqu’à preuve du contraire, il ne fait que conforter ce que j’écris – qui est la bible de l’accidentologie – que LA VITESSE n’est pas LA CAUSE des accidents.
D’abord, remarquons que cette expression « la vitesse » ne préjuge en rien de la vitesse réelle de déplacement d’un mobile, et qu’elle peut même être égale à 0 si ce dit « mobile » est en fait – adjectif – immobile. Cette simple mise au point en dit long sur l’amalgame de pensée – la bouillie logorrhéique, devrais-je dire – des slogans à l’emporte-pièce. S’il est parfois utile de faire des raccourcis, il faut aussi savoir revenir périodiquement à la seule pédagogie qui vaille : l’explicative. Donc LA VITESSE n’est pas LA CAUSE des accidents. À répéter mille fois plutôt qu’une, même si cela n’évite qu’un seul accident.
Car le problème est ailleurs. Des excès de vitesse en plus ou en moins – avec des accélérations ou des ralentissements inadéquats – doivent systématiquement être recherchés parmi les causes des accidents. Il s’agit alors de conduite inadéquate.
Si l’on regarde bien les seules données avancées à ce jour, il n’y avait pas d’excès de vitesse, à un rond-point dont le but principal est de réguler la circulation avec des arrêts quasi systématiques.
L’hypothèse de la glissade sur un liquide quelconque n’a pas – à ma connaissance – fait sa preuve. Celle d’une conduite sous l’emprise de produits divers a été rejetée. Mais on apprend que ce gendarme revenait d’une mission logistique pendant le fameux G20 où l’on a vu une ville touristique en état de siège.
Ma première question est, pour résumer la situation : « Quel était l’état de fatigue de ce gendarme ? » (travail, sommeil, trajet routier etc.).
Lorsqu’on sait qu’une proportion extraordinaire des accidents de la route se produit dans les deux derniers kilomètres avant l’arrivée au but, à vitesse réduite, on voit combien la dégradation de l’attention – consciente ou inconsciente – est fondamentale.
Mon article précédent mettait en scène des délinquants « premiers » dont l’accident était une conséquence de tentative de fuite. Il était, je le répète, écrit avant l’accident du gendarme. Il n’était pas prémonitoire, mais simplement logique, et terriblement « productif ».
Car, je le redis, cette fois encore, les obsédés de la violence routière sont restés muets. En ce sens, focalisés qu’ils sont sur « la vitesse » – et il faudra bien se pencher un jour sur leurs déviances psychologiques – ils deviennent, par leur silence et leur aveuglement, des parasites de la pensée préventive. Et comme leur action fondamentale contribue à masquer les causes multiples des accidents, il serait même utile de poser la question de leur responsabilité.
Qui ose l’écrire ?