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9 août 2010 1 09 /08 /août /2010 18:42

1-SAINT-ANTHONY_modifie-1.jpg

 

 

Pour peu que le commandant de bord du Paris-Montréal ait pris soin de vous annoncer les étapes de la route nord, vous saurez que la partie océanique du vol se termine à Saint-Anthony. Outre cette occasion, il y a peu de chance que vous ayez jamais entendu parler de cette ville qui est notre prochaine étape, terrestre cette fois. Pourtant, elle existe, et même elle mérite d'être vue.

 

Saint-Anthony est donc la capitale -- usons du terme avec modestie -- de la pointe nord de la Péninsule Nordique de Terre-Neuve. Son aéroport, dont j'apprends en même temps l'existence, se situe à plus de cinquante kilomètres de l'agglomération, ce qui surprend en ces lieux peu habités, mais je suppose que de bonnes raisons techniques ont présidé à ce choix.

 

La vocation de la ville est fondamentalement maritime, depuis ses origines un modeste village de pêcheurs jusqu'à ses installations actuelles. Je ne saurais donner un panorama économique de ses activités présentes, mais je m'intéresse davantage à son urbanisme et à sa localisation sur les berges de la Baie française. Imaginez une ouverture aussi rectangulaire que possible, séparez-là en deux rectangles inégaux par une avancée de terre aussi longue, et nichez la ville sur les trois berges du plus petit des rectangles, que vous avez réussi la recette est simple à replier un peu à son extrémité maritime en un goulet perpendiculaire à sa direction principale. Et puis, lancez la ville sur chacune des berges pour y prendre ses aises, mais pas trop. Le secret est là.

 

Ainsi construite, Saint-Anthony réussit le tour de force de ne pas dénaturer le site, de ne pas grimper agressivement à l'assaut des crêtes, d'avoir laisser couler ses rues comme des rivières tranquilles et d'y avoir installé ses maisons de façon à ce que chacune profite à son goût du panorama magnifique qu'on lui propose. Saint-Anthony réalise la gageure d'avoir gardé l'esprit des villages de la côte, et d'y avoir adjoint assez de structures fonctionnelles pour en faire une ville, sans tomber dans les travers des cités plus grandes. Il faut reconnaître que la capitale de Terre-Neuve, Saint-John, a également suivi cette tendance, que son port protégé par le goulet perpendiculaire à la rade accuse cette ressemblance, et que son développement a gardé une bonne aération entre les îlots d'urbanisation, d'une colline à l'autre. Mais ainsi, la belle alliance du port et des collines s'est perdue. Gardons donc Saint-Anthony comme un bel exemple d'urbanisation suspendue entre le trop et le trop peu.

 

La route principale mène à l'extrémité du doigt de falaises qui protège le goulet. Un système de sentiers est aménagé de façon intelligente, simple et fonctionnelle, qu'ils courent, sinueux entre la végétation buissonnante, sur les rives rocheuses, ou qu'ils montent par un escalier de bois, jusqu'à un belvédère... qui aujourd'hui se perd dans le brouillard. On a donné le nom de Jacques Cartier à cette piste. Le célèbre explorateur y a-t-il vraiment posé le pied ? Mais si les touristes se prennent à rêver de découverte, pourquoi pas ?

 

Nous reparlerons de Saint-Anthny, car un autre homme d'envergure y a mené un beau combat. Mais, patience...

 

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  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
L'homme avant les termites
L'idéal sans l'idéologie
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