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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 14:23

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La littérature doit-elle plier sous les commandements d’une communauté quelconque ? La réponse de LETTROPOLIS : NON !


Nous apprenons donc que Serge Klarsfeld s’est opposé à ce que Louis-Ferdinand Céline, écrivain majeur du français, fasse partie de la liste des écrivains célébrés en 2011, pour le cinquantième anniversaire de leur mort. Cette liste avait été préparée par un haut comité des Archives nationales. L’actuel ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, en a décidé autrement « sous le coup de l’émotion » précise-t-il.

 

Le coup de l’émotion... comment comprendre cette expression ? Je dois poser comme hypothèse raisonnable, qu’il nous fait le « coup de l’émotion » comme un autre nous fait le « coup de l’indignation ». Et si nous embouchions plutôt les clairons de la pensée avec Victor Hugo ! Et si nous acceptions de considérer la langue française comme un joyau de notre patrimoine, même si le découvreur et le polisseur de ce joyau n’est qu’un triste sire.


Si tel n’était pas le cas, nous devrions rejeter aux oubliettes les émissions télévisées du même Frédéric Mitterrand (Étoiles et toiles, entre autres) sous prétexte de confidences pédo-pornographiques de Mauvaise vie. Nous devrions rejeter Aragon pour son soutien à une idéologie dont Stéphane Courtois a compté les morts, Blaise de Montluc, etc. Nous devrions aussi rejeter les écrits de tous les représentants de toutes les religions qui ont, d’une façon ou d’une autre, expédié ad patres leurs non-coreligionnaires. Cela fait du monde pour le grand autodafé, et moi-même, et vous-même qui lisez cet article, ne sentez-vous pas la chaleur de l’incendie qui se propage ? Ah ! L’indignation chaleureuse... jusqu’où ne pousse-t-elle pas ses feux !


« On peut aimer Céline sans être antisémite, comme on peut aimer Proust sans être homosexuel ! » glissait Nicolas Sarkozy à propos de Céline, son « écrivain préféré », à quelques journalistes qui l'accompagnaient en Inde, en 2008. (L’Express). Pire, le président, n’a pas caché son penchant pour Nord, roman paru en 1960.


Prôner l’indépendance littéraire, c’est aussi partager un bien commun avec une personne dont on n’approuve pas tous les actes. Et je me sens d’autant plus libre à cet égard que j’ai écrit en toute franchise ma réprobation argumentée concernant sa saillie à propos de La Princesse de Clèves.


Quoi qu’il en soit, LETTROPOLIS ancre son action dans l’indépendance littéraire, et l’approbation des textes de qualité. C’est une fois de plus, l’occasion de l’affirmer. Et que cela plaise ou non aux personnages cités, pour le plaisir de nos lecteurs, voici un extrait de Nord où éclate l’indépendance de Louis-Ferdinand Céline, et où chacun en prend pour son grade. (p 336)


quinze ans après je me demande encore, vous pensez que j’en ai entendu ! tout est pas dans Le Figaro ni dans L’Huma ni dans L’Express, éreintants foutoirs à blablas, carnavals aussi ennuyeux que celui de Nice, aussi carton-pâte stucs, et vents...

Qui commandait ces Romanis ? tenait leurs ficelles ? cette guignolerie leur venait quelque part ? plus tard, bien plus tard, en prison, à Copenhague, tous les incarcérés Boches civils, et grivetons, reflués de l’Est et du Nord, avaient un mot pour tout expliquer, « Verrat, verrat ! trahison ! » belles burnes !... toujours c’est la trahison du moment que ça n’avance plus... d’un côté ou l’autre ! tenez en ce moment au Kremlin et le camp en face « Pentagone » les traîtres pullulent... plein les couloirs, qu’attendent que leur moment d’éclore... à peine un régime dit : c’est moi !... proclame ! plastronne ! beugle grogneugneu !... te fout plein d’hostiles en prison !... que vous voyez les complots fleurir ! peaux de banane ! traîtres partout ! la bamboula des renégats ! héros, convaincus et félons, attentistes, double-jeutistes, s’échangent dix mille serments l’heure, baisers goulus et guillotines ! traîtres partout !... César, Alexandre, Poléon, Pétain, Malagaule, Cléopâtre, Cromwell, kif ont vu ! verront ! pendus, écartelés, hachés ! seront !

Vous maniez l’amour, attendez !... baisers dérobés, consentis, croupions tortillons, distendues braguettes, pupilles retournées implorantes... pour finir par quelles cochonneries !... après maire, curé !... le plus foutrant hoquetant pancrace !...


Vous pouvez ne pas aimer la tempête. Elle a ses beautés, que vous soyez ou non en mer.

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  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
L'homme avant les termites
L'idéal sans l'idéologie
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