Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 février 2010 4 25 /02 /février /2010 22:20

 

Je parcours professionnellement des sites à visée littéraire. Mon but est de rechercher des auteurs à qui LETTROPOLIS pourrait ouvrir ses portes sans renoncer aux critères formels de notre manifeste littéraire. En effet, si tel était le cas, à quoi aurait-il servi de l'écrire?

 

Le propos d'aujourd'hui m'amène à réfléchir sur les différentes méthodes employées pour retenir un éventuel lecteur, à titre gratuit ou non, pour des œuvres numériques ou des livres classiques édités par ailleurs. Parmi celles-ci, l'extrait occupe une part notable.

 

La technique paraît judicieuse à première vue. En effet, la curiosité du lecteur étant stimulée, celui-ci devrait être tenté de pousser plus loin son investigation et de passer à l'achat. En réalité, les limites en sont vite atteintes. Je m'explique.

 

Il est vrai qu'un regard rapide, mais habitué, décèle rapidement les faiblesses ou les forces du style d'un extrait. Mais immédiatement suit la question suivante : l'auteur ayant choisi les pages les mieux réussies (on peut le supposer) le risque de déception n'en est que plus grand. Un frein psychologique s'impose, ce d'autant que la multiplicité des titres pousse à en chercher d'autres. C'est le revers de la médaille de la profusion. Et il est bien rare que quelques pages soient assez alléchantes pour stimuler notre achat, toutes affaires cessantes.

 

C'est la raison pour laquelle je préfère qu'une œuvre soit présentée dans un contexte solide, avec une critique adéquate. Comment cela peut-il se faire? C'est le travail éditorial réel, le reste revenant à l'impression qui peut être poussée jusqu'à l'art le plus abouti mais ne fera jamais d'un SMS bafouillant une fable de la Fontaine.

 

Un contexte solide, une critique adéquate? Est-ce possible?

Oui, et cela commence avant même la réception d'un texte, par la définition de l'inacceptable. Inacceptable pour soi, bien entendu, qui peut être encensé ailleurs, le problème étant de poser nos propres limites et de nous y tenir.

 

La deuxième étape, toujours avant la réception du moindre texte, est de définir les termes de sa recherche. Il s'agit ici aussi d'un choix personnel.

 

Ces deux étapes préalables définissent l'existence d'une charte, c'est à dire d'une liberté revendiquée (et non d'une chartre, comme j'ai pu le lire çà ou là, qui en vieux français évoque une prison). La charte et le manifeste littéraire de LETTROPOLIS accessibles sur le site sont les premiers garants de cette solidité et de cette adéquation.

 

La troisième étape consiste, pour l'auteur impétrant, à se pénétrer de ce que nous recherchons, des conseils que nous donnons (ils sont nombreux, ils sont destinés à ne pas laisser de faux espoirs à des étourdis, à réfréner pour aider, et non à attirer par des promesses fallacieuses). Vous ne le croyez pas? Retournez aux écrits de LETTROPOLIS ou de ce blog. Prenez le temps de les ruminer, comme le conseillait le philosophe au marteau.

 

Ensuite, il faut lire les textes que nous recevons les lire vraiment, suivez mon regard  et à oser dire ce que nous en retenons et ce que nous en rejetons. Continuez à suivre mon regard.

 

Enfin, poser le minimum de l'appareil critique : une biographie générale si l'auteur le souhaite, une biographie littéraire spécifique au texte (c'est indispensable), un synopsis (c'est bien le moindre) et le regard de LETTROPOLIS, résumé des raisons qui nous ont fait retenir une œuvre, même si la perfection n'est pas de ce monde.

 

C'est vraiment par esprit de système que nous offrons alors la première page, et elle uniquement. Car un extrait, si alléchant soit-il ne peut rendre la vie de l'œuvre en son entier. Il est des textes, et non seulement les romans policiers, où toute la profondeur se révèle dans les dernières lignes, qui obligent à relire l'ensemble d'un œil renouvelé. De toutes façons c'est l'ensemble qui affirme une cohérence, et non un passage isolé, quelle qu'en soit la valeur.

 

Aux extraits qui ont pris la suite des bonnes pages des magazines, nous préférons la confiance partagée et la recherche d'un certain art de lire, qui est aussi un art de vivre.

Internet, si tumultueux soit-il, ne l'exclut pas. LETTROPOLIS s'y emploie.


Partager cet article
Repost0

commentaires

Profil

  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
L'homme avant les termites
L'idéal sans l'idéologie
  • la littérature en partage L'homme avant les termites L'idéal sans l'idéologie

Recherche