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31 juillet 2009 5 31 /07 /juillet /2009 21:55

Il m' a paru intéressant de déconstruire la mise en scène intime de la photo qui illustre le quatrain "il tombe sous le sens..." de l'article précédent. Les "pères-la-pudeur" y trouveront d'abord matière à se rassurer, puis, peut-être à ranimer leur irritation. En pratique, je voulais écrire et illustrer une mini-synthèse, sur le sens de la mort dans l'aventure de Bonnie Parker et Clyde Barrow. Dans le vieux cimetière d'Halifax, une silhouette blonde évoluait entre les tombes. J'imaginais une scène plus romantique, avec tous les artifices du genre, robe longue etc. Mais la hauteur des stèles m'avait caché la réalité d'une situation qui se dévoilait sous d'autres angles. Et l'idée générale du quatrain s'imposait. C'est ici que Tartuffe pourrait apparaître: "cachez ce... que je ne saurais voir." C'est ici que chacun peut emprunter la voie qui lui convient.



Alors, alors... voilà une piécette ajoutée à la longue tradition des écrits lestes. La littérature française n'est pas avare de ces aventures, sous des formes multiples. Entre le roman courtois et la gauloiserie rabelaisienne, différents intermédiaires se glissent, et la jolie chanson d'Alain Souchon où les garçons "regardent sous les jupes des filles" ne déroge pas.



Dans cette veine, on trouve même ceux qui souhaitent intégrer en une étape supplémentaire la provocation des sens à la provocation sociale. On relira et on reliera alors le fameux marquis adjectivé comme sadique, et d'autres encore comme un certain Masoch, son alter ego pourrait-on dire. Leurs œuvres sont bien plus réalistes que les "Bijoux indiscrets" du célèbre auteur du "Neveu de Rameau".



Tous les intermédiaires existent donc entre la littérature des dessous, la psychologie des profondeurs, et la mise en sens social. Une longue chaîne aux maillons diversement colorés relie mon œuvrette aux tourments de la Princesse de Clèves et du Duc de Nemours. L'image et l'imagination s'y rejoignent, et lorsqu'une action s'ensuit, le débat des causes et des effets est réouvert, éternellement repris, éternellement élargi, avec les mots propres de chaque interlocuteur. L'un en tiendra pour l'essence, l'autre pour l'existence, un troisième se fera champion de la liberté de l'artiste, et la foule pourra gronder, rire, ou se détourner de la question des motivations et des limites.



Finalement, chaque bibliothèque de chaque époque a son enfer. Peut-être faut-il des gants pour feuilleter certains livres, comme Umberto Eco le suggérait dans "Au nom de la rose". Mais l'immense monde des écrits nourrit l'immense monde des esprits, si ce n'est pas l'inverse.



Ce qui est grave, c'est lorsque les livres brûlent en place publique. Ce qui est tout aussi grave, c'est lorsqu'ils ne peuvent pas paraître en place publique, et encore plus, lorsqu'ils ne peuvent pas être pensés en place publique. Nous avons des lois pour cela.



Oui... des enfers... ce qui vaut mieux que des paradis artificiels.

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  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
L'homme avant les termites
L'idéal sans l'idéologie
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