L'auteur suffisamment heureux de placer son écrit en EPCE (édition papier à compte d'éditeur) sera récompensé de ses efforts à hauteur de 8% du PVP (prix de vente public), 10% s'il est déjà reconnu, et bien peu plus en cas de grande renommée. Dans le cas moyen, les mathématiques élémentaires nous ramènent donc à 3 euros pour un livre vendu 30 au public. 400 exemplaires vendus chaque mois équivaudraient environ au SMIC, mais 400 exemplaires sur 12 mois (tirage d'environ 5000) feraient déjà un bon gros succès en France!
Restera encore à négocier un à-valoir (avance sur les ventes) ou à se faire délivrer en temps et en heure le compte des droits d'auteur. Si cela était toujours facile...! Bien sûr, cette difficulté nutritive nous a valu quelques lettres supplémentaires de Céline à son éditeur, mais sans rien modifier à leurs apothéoses littéraires respectives...
Cette réalité déplaisante est contrebalancée par une autre qui ne l'est pas moins: l'inondation par les gros tirages. Des prix renommés, des campagnes publicitaires soigneusement orchestrées, des modes portées par des déferlantes propulsent des œuvres d'intérêt inégal et des auteurs télégéniquement présentables. Reste aux inconnus, le rêve ou le mirage. Reste aux bons comptables et aux boîtes de pub à recommencer l'opération. Reste que... le marché littéraire de l'EPCE est complètement faussé et que nombre d'auteurs de belle valeur y restent sur le carreau.
Alors? Des solutions pourraient-elles modifier quelque peu l'allure de cette machine emballée?
Nous le croyons fermement. Donc nous y reviendrons.
Nous?... Oui, nous, plus nombreux qu'on ne le croit.