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14 janvier 2011 5 14 /01 /janvier /2011 09:47

 

 

L’eurocratie qui prétend s’appeler l’Europe, vient de pondre, à l’intention des écoles secondaires, un agenda qui « comprend la mention des fêtes juives, hindoues, sikhs et musulmanes, mais aucune fête chrétienne n’y est signalée. Même la page du 25 décembre est vide… » (extrait de la lettre de Christine Boutin à M. Manuel Barroso).



Les explications embarrassées des technocrates ne font que démontrer leur incompétence et leur pouvoir de nuisance, une fois de plus.



Autant le dire, mais aussi l’argumenter : cette production devrait amener ses auteurs devant des tribunaux. Les raisons en sont multiples :

- Il s’agit d’une discrimination insupportable et illégale d’une communauté.

- Il s’agit d’une insulte aux différentes communautés aux religions mentionnées.

- il s’agit aussi d’examiner en vertu de quoi, par quel budget, et dans quelles conditions l’argent nécessaire à fabriquer ce torchon a été dilapidé.



Sur le premier point, l’évidence saute aux yeux des plus bornés. Mais, en outre, il faut argumenter, non sur une discrimination simple, mais sur une volonté consciente, ou inconsciente (c’est pire, car cela nous rapproche de la notion nazie du « sous-homme » évacué de la conscience). Primo Levi citait le cas de ce SS essuyant ses mains salies de cambouis sur son bras sans même le regarder.



Sur le deuxième point, qui peut paraître plus complexe, il faut aussi aller plus loin. En effet, pour souhaiter une fête religieuse à une personne d’une autre religion, ou en recevoir le souhait, il faut participer, outre d’une immanence bienveillante, d’un respect de la transcendance de l’autre. Je ne me sens ni mal à l’aise ni coupable de souhaiter un bon Noël à un ami musulman ou juif. L’un et l’autre auront forcément un regard différent sur le sens profond de cet événement. Mais sans vouloir sonder les reins et les cœurs des uns ou des autres (moi compris) je leur fais confiance pour apprécier mes souhaits à leur juste valeur, c’est-à-dire évocateurs d’un moment particulier du temps où une transcendance se dévoile, où une immanence commune est possible, même imparfaitement. C’est cela aussi le sens partagé du « in illo tempore » de l’éternel retour, si bien décrit par Mircea Eliade. Chez moi, en Algérie, nous ressentions et partagions l’esprit de fête de la « galette juive » et des « gâteaux arabes » offerts (je laisse aux eurocrates ignorants le soin de trouver leur nom, et surtout leur signification). Un présent fait en confiance au nom de sa croyance respecte l’un et l’autre, et affirme une solidarité humaine.

 

Sur le troisième point, je déclare économiquement forfait, car je suis sûr que les circuits sont bien huilés et prévus pour résister à bien des enquêtes. Mais, techniquement, j’affirme que, si cet agenda doit être un outil pour permettre aux uns de connaître (dans un simple esprit pratique) les dates festives des autres, alors, c’est un outil mal fait, fautif, défaillant.



Les coupables seront-ils traités comme ils le méritent ? Légalement, je ne sais pas. Mais personnellement, ils ont droit à mon mépris le plus total, eux et ce qu’ils représentent. Au moins, la réciprocité sera assurée.

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  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
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L'idéal sans l'idéologie
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