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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 16:29

 

Il ne se passe pas de jour sans l'annonce d'un beau braquage avec rocket de bonne taille, d'une explosion de guichet bancaire, de fusillade pour un "mauvais regard", de coups de couteau entre adolescents perturbés, d'agressions à la hache, et autres faits divers qui ont pour caractéristique première de ne mettre en scène que des armes dites blanches ou d'autres bien plus lourdes, généralement réservées aux temps de guerre. Cela, en groupe, de façon conviviale, en famille, comme il se doit, ou individuellement selon l'humeur, de façon singulière, ou plurielle, en série ou en parallèle, selon comment ça les branche.

 

Cela fait du bruit, un peu, plus ou moins selon les prénoms des incriminés. Mais le bruit qui manque le plus, dans ces affaires, est celui des névrosés obsessionnels phobiques des armes. On ne les entend plus. Ils finissent par me manquer. Mais pourquoi donc, leurs clameurs se sont-elles tues? Les traitements anti-phobiques ont-ils réussi des miracles? J'entends certes parler de vaccin, mais c'est pour une autre belle cause. N'ont-ils plus de voix? Je n'ai pas eu connaissance d'une épidémie de laryngite.

 

J'ai d'autres hypothèses, et la plus horrible, serait que ces scénettes de rues ne les dérangent pas. En effet, nos spécialistes en clameurs entonnaient leurs chansons lorsqu'un quidam se permettait de sortir son fusil de chasse, ou pire encore sa 22 long rifle. Ah, la 22 long rifle! Ce calibre est au tir ce que l'aspirine est au mal de tête: après avoir occupé longtemps le devant de la scène, il en a disparu. Mais avant, combien d'articles vengeurs n'a-t-il pas suscité? Les plus amusants étaient ceux où l'on parlait de 22 millimètres, déjà la taille d'un petit obus! Pour l'édification des masses, 22 correspond à des centièmes de pouce. Je laisse aux charmantes têtes blondes le soin de faire la règle de trois. Quand au fusil de chasse, avant qu'on mette le doigt sur la gâchette - qui est une pièce interne - il faudra une sacrée dextérité! Un peu de détente, que diable!

 

Oui, les tueurs de 22 et autres 12 ont eu la peau de leurs dangereux propriétaires par le biais d'une législation draconienne. Rappelons simplement que jusqu'en 1939, la vente des pistolets jusqu'au calibre 7,65 inclus était en vente libre en France, et il n'y avait pas toute cette violence. Rappelons aussi que certains pays font obligation à leurs réservistes de conserver leurs armes de guerre à la maison. On ne sache pas que des massacres en série y aient commencé.

 

Je repose donc ma question: où sont passés nos habituels obsédés de la législation anti-armes? J'attends leurs glapissements, j'attends leurs sauts de cabri (ils ne risquent rien) j'attends surtout leurs mines déconfites pour sauter dessus, bien sûr. Mais je risque d'attendre. Car il faut se rendre à l'évidence. Tous ces meurtres et assassinats passés dans le registre des faits divers et du quotidien se pratiquent à l'arme lourde ou au banal cutter. Que faire, sinon comprendre que les praticiens du crime trouvent toujours du matériel adapté, et que, par surcroît, aucune arme n'est dangereuse par elle-même si un homme dangereux ne la manipule pas. C'est peut-être pour cela que nos professionnels du bannissement des armes plus ou moins libres sont enroués.

 

Car, s'ils étaient logiques avec eux-mêmes, ils demanderaient des permis de port de tournevis, de cutters, de marteaux, de club de golf, de battes de base-ball, de chaussures de sécurité à bout renforcé, de chevalières multiples, de bracelets en fer, de gants armés de pointes, de ceintures de cuir (un peu passées de mode). La clef anglaise n'est pas mal non plus, la truelle coupe bien, et je conseille aussi la raquette de tennis ancienne, un peu plus lourde, le parapluie, bulgare ou non, et finalement de toute arme par destination: trousseaux de clefs, lampes de poche, crayons de papier, stylos à plume, briquets - ça tombe sous l'essence- cannes anglaises - généralement appelées béquilles - celles des aveugles, si dangereux, et autres ustensiles de cuisine dont le célèbre rouleau à pâtisserie de nos chères et tendres.

 

Le seul petit problème consiste à faire appliquer cet arsenal (ouaf ouaf) de lois, et il suffit de voir comment cela se passe pour les muselières des chiens réputés dangereux.

 

Et après? Il restera à interdire de sortir les mains des poches, de marcher à grandes enjambées, la tête en avant. Sinon, confiscation!

 

Confiscation de mains, de bras, de jambes de têtes? Pourquoi pas. Il suffira de demander conseil à quelques pays très en avance en ce domaine. Je puis vous le garantir: plus un seul coup de boule ne sera toléré, sauf en championnat de foot-ball et sous regard présidentiel.

 

Car il faut que le président intervienne, qu'il postillonne du karcher, qu'il s'arme de langue de bois, qu'il redresse la barre à mine, qu'il frappe du poing sur la table, qu'il monte au créneau, qu'il s'arme de mesures législatives, qu'il ... Je crois que l'on repart dans l'escalade de la violence injuste de la loi, comme disait quelqu'un.

 

Et si on prenait simplement le problème à-bras-le-corps... comme au judo?

 

J'ajoute simplement qu'il est triste d'en être réduit à l'humour pour énoncer des évidences, et plus triste encore de le faire sans défendre le moindre groupe de pression, si ce n'est mon idée de la justice et de la tranquillité. Un bien faible groupe en vérité. Quant aux chasseurs, qu'ils ne me remercient pas. Ce que j'en vois et les contraintes qu'ils m'occasionnent sur le terrain ne me donnent aucune envie de les fréquenter davantage.

 


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  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
L'homme avant les termites
L'idéal sans l'idéologie
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