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29 novembre 2009 7 29 /11 /novembre /2009 22:32

Le feuilleton est donc un genre inépuisable, mais épuisant pour le feuilletoniste. Au début, il est tout content, il voit l'avenir s'éclaircir: enfin un sujet d'envergure! Le problème se complique lorsque la situation dure, perdure, qu'il l'endure et s'y endort. Car c'est lassant. Ne vous y trompez pas. Après la pseudo-angoisse de la page blanche (j'en ai gratté quelques lignes) vient la véritable nausée de la page grise. Le pur feuilleton est quotidien, c'est dire qu'il dépasse de loin les petits tracas des publicistes obligés de trouver une nouvelle idée pour la mille deux cent quatorzième publicité de lessive des 30 dernières années: le compte n'y est pas. Dépassés aussi les romanciers « lessivés » par le succès de leur héros qu'ils tentent désespérément de trucider, n'est-ce pas M. Conan Doyle? N'est-ce pas Mme Agatha Christie? Cependant, la pression est tout de même moins forte, étalée sur une bonne année au moins. On a le temps de se payer un petit voyage aux chutes du Rhin ou aux Pyramides. Mais à peine, dans son berceau de brume, l'aurore aux doigts de rose a-t-elle éclairé le clavier du feuilletoniste que celui-ci agite la cloche du réveil pour les petites cellules grises, grises et endormies. Car le lecteur attend...

 

Par chance (?) il est des feuilletons plus prolifiques que d'autres. Celui de la grippette en est un. Plus besoin d'imaginer, il suffit d'entendre les nouvelles à la radio: et que j'ouvre un centre, et que je modifie les horaires, et que je vaccine ceux qui ont une carte, et que non, finalement, et que, et que...

 

Aujourd'hui, j'ai donc décidé de prendre de l'avance. Je livre à votre sagacité les éléments suivants qui devraient fournir de l'histoire pour quelques mois:

  • que se passera-t-il lorsqu'on comprendra que le meilleur endroit pour risquer une contamination par le fameux virus est encore le centre de vaccination où l'on poireaute plusieurs heures, parfois pour rien?

  • Devant ce fiasco organisationnel et cette communication délirante, comment réagirait la population si une épidémie vraiment grave se déclenchait?

  • Dans ce genre, on peut imaginer un acte de bio-terrorisme, non pas une petite plaisanterie à poudre farineuse franco-française, mais une bonne, une vraie dispersion de poudre d'anthrax.

  • Pensons aussi à la vieille variole dont on a abandonné la vaccination mais conservé quelques souches en ex-URSS. Où sont-elles? Il y aurait même un plan, un de ces plans bien concoctés, bien fumeux...

  • Comment réagirait notre brave ministre de la santé (à part une saillie) si on lui glissait à l'oreille qu'en réalité, et malgré toutes nos connaissances, on ne sait toujours pas pourquoi une épidémie commence, et pourquoi elle finit? Que les données chiffrées que l'on collectionne n'expliquent en rien la vraie vie des épidémies?

  • Que répondrait-elle encore? Non, car finalement on s'en moque... Que faut-il penser des vaccinations en général dans l'éternelle lutte entre organismes de tailles différentes pour occuper leur espace vital?

  • Comment interpréter le fait qu'en 1978 le virus de la variole est éradiqué, et que deux ans après apparaît celui du sida? Faut-il estimer dépassée la vieille idée que « la nature a horreur du vide » et que l'espace laissé libre par une espèce est colonisé par une autre?

  • Comment savoir si, devant une épidémie de toute nature, un individu donné fait partie des « hypersensibles » ou au contraire des « naturellement immunisés »

  • Comment savoir si la protection contre une maladie ne rend pas plus sensible à une autre, ou l'inverse?

  • Comment connaître avec une précision pratique le taux de personnes à protéger dans une population pour limiter une épidémie? Et qui en priorité?

 

Il y a encore quelques petites questions intéressantes. Mais plus que leurs réponses, c'est le fait de les poser et de bien les poser qui permettrait d'élaborer un vrai débat, permettant à chacun de se déterminer en dehors du cirque politico-médiatique.

 

Mais si par hasard tout cela vous paraît exagéré, si vous voulez y échapper, coupez radios, télés, abonnements aux journaux, car je vous annonce l'un des titres du numéro d'octobre 2009 du BEH (le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire): « Rougeole, mobilisons-nous! ».

 

Tournez rotatives!

 

 

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  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
L'homme avant les termites
L'idéal sans l'idéologie
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