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19 novembre 2009 4 19 /11 /novembre /2009 16:47

Une fois de plus, je vais utiliser les nuances possibles du titre pour y lier les sens multiples qu'un certain flou grammatical autorise, et pour l'occasion j'y ajoute même la dérivée anglaise du mot "intelligence" qui se réfère au français "renseignement".

 

Donc, par intelligence du vaccin, il faut se demander ce que je comprends de lui, ou ce qu'il comprend de moi, quelles informations nous échangeons-nous dans ces guerres qui n'osent pas dire leur nom, au dedans et au dehors de notre corps, ces guerres incessantes sans lesquelles notre vie aurait disparu, et peut-être jamais commencé. Quelle relation se produit donc entre cette minuscule quantité de produit censée protéger l'énormité apparente de mon corps d'un danger plus immense encore? Cette projection mathématique a ses résultats. Nous savons mesurer quelle quantité de produit est nécessaire et suffisante pour protéger contre tel danger, avec un pourcentage d'erreur statistiquement démontré. Tout spécialiste du sujet connaît cela sans faille.

 

Mais il est plus nourrissant pour former des têtes bien faites plutôt que des têtes bien pleines, de provoquer une imagerie personnelle, une synthèse de l'esprit de géométrie et de l'esprit de finesse. Notre corps serait donc un intermédiaire obligé entre un immensément petit et un immensément grand; un champ de bataille livré à une foule inconnue de stratèges, de combattants, de vainqueurs et de vaincus, que nous espérons sortir sans dommages de ce conflit.

 

Car c'est bien de cela qu'il s'agit, d'un conflit puissamment armé où nous sommes impliqués, à notre corps défendant. Et qui, normalement constitué, pourrait n'y passer qu'en spectateur impassible, sans peur et sans espoir? Si nous basculons dans cette mêlée avec notre esprit d'adulte, nous portons inéluctablement, même sans vouloir nous l'avouer, une image anticipatrice d'une défaite possible, d'une mort potentielle, laissant aux enfants et aux serviteurs béats le soin de transporter l'image du défilé glorieux de la victoire obligatoire.

 

Reconnaissons-le, nous nous sommes toujours sentis déséquilibrés dans des situations équivalentes, bien que nous les cherchions et les provoquions sans cesse depuis l'aube de l'humanité. Bien sûr, les termes changent. Les uns veulent s'abreuver de quelques gorgées à la fontaine de jouvence (quelques goulées pour l'infinitude d'une jeunesse de corps et d'âme). Les autres poussent leurs expériences jusqu'à la chimie de leur époque (l'astucieux roi Mithridate qui se mithridatisait de quelques grains d'arsenic pour éviter les ravages d'une coupe bien remplie du poison). Sans oublier les expériences mystiques des religions qui poussent à manduquer, inhaler, un objet chargé du tout et du rien ensemble, le Dieu porté dans une hostie consacrée, dans une vapeur spécifique. Peur et espoir poussés à leurs extrêmes, dont la vaccination n'est qu'un cas d'espèce. Mais Achille a toujours un talon fragile, Siegfried risque sa vie pour une feuille de tilleul, et nous voudrions un vaccin polyvalent pour tout et contre tout. Que de peurs, que d'espoirs, que de déceptions qu'embrouillent à plaisir les pseudo-logiciens.

 

Pseudo-logiciens donc, ou, pour être plus juste, chercheurs de logique, poseurs de logiques qui ont pu au cours des siècles se combattre de toutes leurs forces, les uns affirmant qu'il faut soigner le mal par le mal, les autres soigner l'un par son contraire, chacun cherchant dans son camp la formule magique, qui la théorie sympathique, qui le secret inspiré, qui le jeu de mots porté à l'incandescence d'une messe basse.

 

En recevant un vaccin, nous participons de tout cela à la fois, selon que ce vaccin est vivant atténué (une sorte d'allié auquel nous offrons les clefs de la forteresse sans autre garantie que celle de sa bonne foi) ou une anatoxine (substance extraite porteuse de pouvoir protecteur) ou corps microbien inerte (sorte de cadavre infiniment petit, mais cadavre cependant, victime expiatoire de nos espoirs de protection).

 

Si on veut bien admettre que notre vaccination, si scientifiquement présentée soit-elle, véhicule plus ou moins consciemment toutes ces idées, rien d'étonnant à ce qu'elle déclenche autant de phénomènes de rejet.

 

Si l'on y rajoute les marchands du temple, avec leurs gueules patelines, leurs menaces à peine voilées, leur théâtre de sauveteurs patentés, et leurs nouveaux rôles de vedettes piquées transformées d'un jour à l'autre en épouvantails inspirés, tous les ingrédients sont réunis pour expliquer le fiasco vaccinal en cours.

 

Biens sûr, cet article mérite une suite. Enfin, je le crois...

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  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
L'homme avant les termites
L'idéal sans l'idéologie
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