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6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 16:22

 

Dans toute langue, il existe des relations bilatérales entre mots, pensées et actions. Le triangle ainsi réalisé s'équilibre d'autant plus facilement que la définition de chacun de ses sommets (mot, pensée, action) est plus claire. En imageant le propos, je pose que chacun de nous, agissant par et sur l'un de ces sommets, manipule les deux autres et détermine ainsi son comportement affectif (ce qu'il aime ou n'aime pas) cognitif (ce qu'il pense) et conatif (ce qu'il entreprend). Il se positionne ainsi par rapport à soi-même et aux autres.

 

Les personnes fréquentant le vocabulaire de la psychologie en auront reconnu les trois bases. Pour ceux que la précision des mots rebute, je ne peux que m'en référer à la pensée profonde de cet article, et recommander un bon dictionnaire à portée de main. Car je professe que la recherche de la précision est une politesse aussi recommandable que les mille et un conseils pour se laver les mains en sortant des toilettes qui fleurissent maintenant dans le monde dit civilisé.

 

La précision ultime est illusoire dans bien des domaines, y compris le scientifique. Mais au moins, dans celui-là, elle s'accompagne de l'affirmation d'existence d'une marge d'erreur aussi rigoureuse que possible.

 

Le langage courant ne bénéficie généralement pas du même souci. L'utilisation d'un mot pour un autre devient une tendance forte du relativisme ambiant. Ainsi se préparent toutes les manipulations dont les premières victimes sont ceux qui ont souhaité armer ce piège et l'oublier.

 

Faut-il pour autant imposer à chaque terme une définition quasi scientifique? Oui, dans les cas où une délimitation précise s'impose. Non dans ceux où une latitude bien comprise permet l'enrichissement du sens, dans ses trois dimensions du beau, du bien et du vrai. Car notre bonne vieille langue française fourmille de synonymes qui n'existent pas. Cette formule, pour bizarre qu'elle soit, insiste simplement sur la diversité des outils-mots utilisables par qui veut préciser sa pensée, avec, bien entendu, un risque de franchir insensiblement une frontière de sens.

 

Car nul besoin d'être linguiste réputé pour comprendre que chaque mot est le successeur d'une lignée d'ancêtres qui lui ont légué un héritage de sens, une charge de significations parfois oubliées, mais toujours prêtes à moduler les comportements des uns et des autres, pour peu que certains intérêts soient en jeu. Et, par conséquence de notre préambule, nul besoin de plonger dans les profondeurs de la psychologie pour comprendre que certains comportements et certaines relations se déduisent aisément du vocabulaire employé ici et là, quand des sens divers se regoupent pour donner une tonalité d'ensemble à l'un de leurs mots-fétiches.

 

J'ai parlé hier du verbe "survivre" auquel de malheureux naufragés avaient dû leur obstination à poursuivre le chemin de vie. Aujourd'hui, je voudrais simplement faire réfléchir aux plus de trois mille pages de notre code de la sécurité sociale, si merveilleux, si remarquable, si envié, si...

 

Deux mots le gouvernent: assujetti et affilié. En sachant bien que l'affilié ne devient susceptible de recevoir ses prestations que s'il a été convenablement assujetti par ses cotisations, je donne ci-dessous une liste de synonymes pour chacun de ces mots tels que facilement retrouvables dans quelques dictionnaires:

 

AFFILIÉ: adjoint, adopté, associé, incorporé, initié, inscrit, intégré.

 

ASSUJETTI: amarré, arrimé, asservi, astreint, attaché, calé, commandé, condamné, conquis, contraint, contribuable, discipliné, dominé, esclave, imposable, imposé, opprimé, rivé, soumis, subjugué, tributaire, tyrannisé, vassal.

 

Et dire que d'aucuns s'étonnent encore de certains abus!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
L'homme avant les termites
L'idéal sans l'idéologie
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