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13 octobre 2009 2 13 /10 /octobre /2009 01:18

L’article précédent nous offrait le poème de Charles Baurin, intitulé « Dans mon panier » et je ne l’y aurais pas installé, si je n’y avais senti la saveur d’une belle qualité d’âme, en même temps qu’une pensée littéraire de valeur.

Bien des approches sont possible ici. C’est d’ailleurs une des caractéristiques des bons textes. Je vais immédiatement oser une comparaison, sans ignorer que les auteurs n’apprécient que modestement ce tour d’esprit. Mais dans ce cas, j’espére ne pas recevoir en retour une volée de bois. Croyez-le ou non, ce poète qui va au village, panier plein et démarche allègre, m’a évoqué Perrette, guillerette et ses espoirs fracassés. Je ne m’avancerai pas davantage sur ce terrain comparatif, ses allusions et ses limites. 

Sauf que dans ce cas, s’ébauche une transmutation digne de la pierre philosophale. Ces mots mis en panier, ces mots qui, on le comprendra sans peine, parlaient de maux, ont subi l’épreuve de l’osier, puis celle de l’eau claire. En quelque sorte, ils ont été recueillis, choisis, rangés, transportés, filtrés, épurés, donnés à l’onde vitale, et ce don a porté fruit en l’âme du poète, en même temps qu’il abreuve peut-être quelque inconnu, en un ailleurs que nous ne connaîtrons jamais.

Et le cycle recommencera, à l’aune d’une nouvelle vie, d’un nouveau regard, ou bien d’un éternel retour.

Si j’ai souhaité positionner ainsi mon approche de ce texte, c’est, qu’au-delà d’un don de poésie, nous pouvons le comprendre comme la leçon de littérature d’un grammairien poète, ou, si l’on préfère, d’un poète grammairien. En, effet, la littérature n’est pas le nombrilisme de pacotille d’une vague mélancolie, le ruminement obligé des idées reçues, le bêlement pseudo-intellectuel d’une scie à la mode. Tout cela appartient au domaine du cerveau reptilien, de l’émotif mal contrôlé, ou de l’utilitaire immédiat. Mieux vaut encore la sécheresse vitale d’un rapport de police, ou certains dialogues porteurs d’une force vitale qui les transcendent. Mais il n’étonnera personne que je pousse mes préférences jusqu’aux possibilités du néo-cortex humain : l’usage adéquat des mots porteurs de pensée, d’une grammaire de communication réelle, d’une syntaxe qui épouse le vif-argent de notre esprit. Les grandes langues civilisationnelles portent en elles tous ces outils.  Il faut en accepter les contraintes, les porter aux dimensions d’une activité réelle, pour en exercer dons reçus et talents travaillés.

Alors, mais alors seulement, peuvent émerger à leur pleine valeur, les émotions, les sentiments, l'esthétique, les histoires, nos vies, ce qu’elles apportent, et ce qu’elles emportent. 

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  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
L'homme avant les termites
L'idéal sans l'idéologie
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