Chacun garde en mémoire le souvenir de Socrate buvant la ciguë. Mais qu'en fut-il du procès au terme duquel il fut condamné ?
Ce fut un procès exemplaire, un procès modèle s'il en fut, rejoué, les siècles passant, par les dictatures les mieux établies, y compris sous les masques démocratiques les plus travaillés. Rappelons à ce propos que si le mot "démocratie" nous vient de la Grèce antique, sa réalisation y fut sujette à caution.
Procès modèle donc, tant l'Histoire, si elle ne se répète pas, se plaît à repasser les plats. En effet, les rôles sont distribués d'avance et la fin ne l'est pas moins : un tribunal idéologique garant d'un ordre bien établi, reçoit la plainte d'un groupe d'accusateurs choisis, animés des meilleures intentions du meilleur des mondes du moment, et entend — plus ou moins — un accusé supposé menacer de chaos ce bel équilibre. La fiction judiciaire est en marche vers la condamnation attendue. Il restera l'Histoire pour juger... peut-être.
Quelles que soient les lueurs apportées par les historiens, le témoignage le plus profond et le plus instructif de ce procès reste L'Apologie de Socrate, texte par lequel Platon nous fait revivre les moments-clefs de la plaidoirie de Socrate. Celui-ci, conscient de l'inanité à court terme d'une défense illusoire, s'il se préoccupe en façade de confondre ses accusateurs, engage surtout à faire entendre et à faire vivre son message de chercheur de "sagesse humaine". Le prix en sera lourd.
Ce message reste bien entendu d'actualité, et plus que cela, de toute éternité. Encore fallait-il l'adapter à notre langage contemporain. C'est la raison pour laquelle Marc Gautron souhaitait dégager le texte de Platon de ses traductions universitaires, et l'offrir aux lecteurs dans une langue fluide, aisée, néanmoins précise et fidèle. Pari tenu... et résultat publié par Lettropolis.
L'Apologie de Socrate
Adaptation de Marc Gautron
édition Lettropolis
54 pages 1 euro