Chacun des vrais pôles de pouvoir précisés au début de cette série d’articles oblige à des capacités, des comportements, et des équipements différents, dont la sélection adéquate est indispensable. Tout chasseur de têtes pourrait en décliner la liste. Sans jouer ce rôle, marquons simplement quelques aspects régaliens de la fonction présidentielle : assurer la sécurité interne et externe. Ici encore, pour ne pas alourdir le débat, nous ne distinguerons pas entre sécurité et sûreté, mais nous nous tiendrons, dans les domaines de politique intérieure et extérieure, aux menaces vitales, aux moyens d’y faire face, et aux nécessaires sanctions correspondantes.
Alors, il faut oser affirmer que tout chef d’État sera confronté à la mort violente, reçue ou décidée, quoi qu’en pensent les béats de la non-violence et abolitionnistes-négationnistes de la peine de mort. Ce n’est pas la moindre des difficultés, surtout lorsque toute une carrière préalable n’a préparé qu’à du maquignonnage politicien, des conflits médiatisés réglés à la buvette de l’assemblée, des frictions d’hypersensibilité de divas de la politique, ou du crapahutage de crocodiles en marigot.
En ce sens, l’actuel président, montre, par son emballement indigné, combien cette préparation lui a échappé. Sans vouloir n’élire qu’un polito-robocop, il est nécessaire de se demander s’il aurait été capable de surmonter les stress de tout médecin urgentiste, de tout secouriste de bord de route, et finalement, de tout policier de base, ou du moins gradé des soldats qu’il envoie en Afghanistan, alors qu’il est constitutionnellement le chef des armées.
Cette affaire Tony Melhon aurait au moins eu une conséquence bénéfique, si l’indignation de l’un et des autres ne les avait embarqués dans leurs pitreries réciproques... mais à quel prix humain ! Encore faudrait-il que l’on en vienne au fond du débat, ce qui n’est pas facile, convenons-en, entre le match de foot et le loto.
En des temps pas trop anciens où les négationnistes de la mort n’avaient pas inscrit la peine de mort au fronton de leurs si belles consciences, les présidents devaient, de temps à autre, se confronter à la décision de gracier ou non les condamnés. Quels qu’aient été leurs choix, ce passage présidentiel obligé imposait un retour en soi-même, dans la haute solitude du pouvoir. Une élévation morale était possible. Possible, mais non certaine, car les hommes restent ce qu’ils sont, et l’histoire retiendra les débuts de la cinquième république ensanglantés par l’hyperorgueil pathologique de son vieillard de président.
Hommes et animaux donnent la vie et la mort. Si ces derniers n’obéissent qu’à des nécessités reproductrices et alimentaires, les humains, prisonniers de leur développement cérébral, tuent pour des raisons déraisonnables. Leurs chefs, pour mériter ce nom, doivent être prêts à oublier d’autres raisons déraisonnables par lesquelles ils se défausseraient de leur devoir.
Fin de la quatrième partie