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28 janvier 2010 4 28 /01 /janvier /2010 22:23

 

Nous avons récemment posé quelques bases concernant le domaine des nouvelles, ces brins de vie poussés en terres de littérature indécise, oscillant entre le grand vent du roman, et le souffle de la poésie. J'aimerais aujourd'hui revenir sur ce thème, pour opposer les grandes usines à images de certaines productions de science-fiction par lesquelles le fantastique est censé frapper l'imaginaire, à quelques nouvelles d'apparence insignifiante, débutant par des situations de la vie commune, si commune que c'est à peine si on y jetterait un regard, sauf que...

 

Ainsi l'occasion m'est donnée de rendre hommage à Henri Troyat, disparu il y a peu, grand littérateur, connu pour ses romans et belles biographies. Pourtant il ne faudrait pas négliger un ensemble que je retrouve aujourd'hui paré de la même saveur que j'avais goûtée il y de nombreuses années. Il s'agit du Geste d'Ève, dont la dernière des nouvelles donne son titre au recueil.

 

Deux fils conducteurs se dégagent: il y a celui des occasions manquées, des déceptions qui suivent le hasard de rencontres inespérées et exaltantes, si exaltantes que les rêves confrontés à la réalité se fracassent et entraînent dans leur débâcle le malheureux protagoniste. Ainsi, la fameuse Ève, la poinçonneuse du métro dont rêve le puissant industriel, revue dans la lumière crue des halles, aura perdu tout son charme. Il ne restera plus à notre magnat qu'à se replonger tristement dans le monde des affaires. Ainsi ce petit comptable trouvant un carnet pour lequel il pourrait recevoir une fortune en le remettant à son légitime propriétaire; mais la récompense augmente et les rêves de gains avec, jusqu'à la chute des uns et des autres.

 

Le deuxième fil conducteur est celui de l'irruption du mystère, de la fiction savoureuse par laquelle des vies ternes bénéficient, tantôt d'un bonheur inattendu (et le Diable peut y avoir sa part) tantôt de la force comique qui manquait à leur panache. Après avoir lu Faux marbre, vous ne regarderez plus jamais cet artifice du même œil, et si l'on vous dit que parfois le Diable porte pierre, attentions aux majuscules.

 

De l'entrecroisement de ces deux fils se dégage une sorte de morale, ou du moins de regard amusé sur le monde, qui n'est jamais tout à fait celui que l'on croit, ni celui que l'on attend, ni celui dont on rêve. Quelle leçon faut-il en tirer? Difficile à dire. Celle du plaisir de la lecture s'impose, et là, chacun sera gâté selon son tour d'esprit. Pour le reste, ouvrons notre esprit à l'inattendu qui nous veut parfois du bien, car, de toutes façons, il nous saisit au coin de la rue pour nous faire découvrir d'autres mondes, d'autres destins possibles, que nous n'aurions jamais cru pouvoir se révéler ainsi.

 

Ce que je crois, c'est que le vent qui hante les forêts de bouleaux de la vieille Russie a chuchoté bien des histoires, et que Troyat nous en a arrangé quelques-unes pour que nous puissions les entendre. Il faut toujours écouter le vent.

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24 janvier 2010 7 24 /01 /janvier /2010 18:25

Je le disais récemment, Le grand Meaulnes est trop souvent l'objet de commentaires dépréciatifs, ou d'ignorance totale, c'est-à-dire affirmée, revendiquée. Ma position est la suivante: sa richesse négligée par certains ne justifie aucun playdoyer en défense, selon le bon vieux principe margaritas ante porcos; en contrepoint, elle justifie quelques notes d'approche desquelles chacun retiendra la sienne selon son bon vouloir.

 

Ce texte qui n'a pas reçu le Goncourt en 1913 prouve à qui en douterait encore l'inanité de certains prix. Mais cela est accessoire. Il est plus important de savoir que le jeune Alain-Fournier avait entrevu une belle jeune fille dont la silhouette avait attiré son regard et exalté son imagination. Était-ce déjà de l'amour, l'émergence d'une figure archétypale, la projection d'une âme douloureuse? Je ne me déciderai pas pour l'une ou l'autre de ces hypothèses, mais je n'en exclus aucune.

 

Alain-Fournier s'écrit avec un trait d'union, pour bien marquer que ce prénom n'était pas le sien, mais celui d'un frère décédé, objet d'une dévotion familiale. D'une trop forte dévotion familiale? Il faut se poser la question du devenir psychologique, émotionnel surtout, de ces enfants confrontés à ces images du précédent disparu, enfants de substitution, parmi lesquels certains développent des aptitudes hors du commun à saisir les ambiances, à transformer les paysages, à nous raconter leurs histoires sous le couvert d'autres histoires plus faciles à entendre, mais où le lecteur, même peu préparé, sent qu'un monde inhabituel s'ouvre devant lui.

 

Je comprends bien que ces dernières lignes soient difficiles à lire pour certains. Je leur demande alors de porter leur attention sur la biographie de Verlaine, et sur l'étonnante obsession de sa mère à conserver dans des bocaux d'alcool les fœtus de ses frères. On s'étonnera moins alors, que le poète, un soir de rage, lui-même alcoolisé, ait fracassé ces souvenirs morbides.

 

Alban Fournier est donc devenu Alain-Fournier, trait d'union entre le frère décédé pieusement conservé, et l'écrivain passeur de mémoire, dépasseur de réalité, devrais-je dire.

 

Il faut savoir que le roman ne se passe pas en Sologne, comme l'histoire le laisse entendre, mais à la frontière du Berry et du Bourbonnais. Sainte-Agathe, qui est le nom d'une chapelle proche, masque le village d'Épineuil-le-Fleuriel, où le père du petit Alban, le véritable "Monsieur Seurel" du livre, était instituteur.

 

J'ai eu la chance de connaître le dernier instituteur de l'école, Monsieur Lullier, qui m'a fait visiter les lieux, grenier compris, et montré le véritable chemin que Meaulnes est censé parcourir lors de son voyage impromptu et initiatique. Ses derniers élèves, aujourd'hui adultes, se rappellent les leçons à l'ancienne, préparées autour du texte du célèbre livre. Et de temps à autre, un hélicoptère discret amenait ici un défunt président, autre amoureux de belle littérature, qui n'aurait jamais osé violenter la princesse de Clèves. Autre forme d'esprit...

 

Mais j'en arrive à mon approche personnelle. L'histoire du Grand Meaulnes est l'émergence d'un rêve, dans ce voyage en carriole où le héros s'endort sans qu'on sache jamais à quel moment précis le sommeil s'empare de lui et dévoile ses drapés. Mais la fête étrange, où l'on attend la fiancée de Frantz, n'en serait que l'émergence fondamentale, qui permet aux rêves de chacun de se poursuivre dans une réalité incertaine. À partir de là, le temps semble s'écouler dans une unité équivoque, où les personnages suivent des chemins diversement accélérés. Peut-être même, leurs rêves se mêlent-ils et leurs devenirs se parent-ils de leurs espoirs et de leurs angoisses: Jasmin Delouche, l'anti-héros, devenant le défenseur nostalgique de Meaulnes; le narrateur, le jeune Seurel, messager d'amour et de peine, en étant réduit à imaginer la course de Frantz et de sa fille sur des chemins incertains, et les rêves d'Yvonne de Galais saisis par la grande crainte de l'époque de la mort en couches. Quant à Frantz, bohémien d'aventure, meneur de jeu comme le flûtiste de la fable, voyageur comme le Hollandais volant, il saura ne pas savoir se reprendre, poussé lui aussi par quelque mal de vivre, comme tant d'autres nous en fournissent des exemples.

 

Ainsi, cette exploration de l'adolescence éternelle, prend-elle la force d'un mythe, force envoutante qui nourrit nos rêves jusqu'à nous mener aux limites de la vie, qui pétrit le temps comme pâte fertile et laisse en notre littérature l'empreinte d'un géant.

 

Vous savez quoi? Aurait dit Droopy... I'am happy.

 

 

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21 janvier 2010 4 21 /01 /janvier /2010 16:31
 EVA-FOREST.JPGLire est un processus de connaissance dont les caractéristiques n'ont pas fini de nous surprendre. Pourquoi retenons-nous certains livres dans notre bibliothèque personnelle, quels passages nous retiennent le plus, et par quelles portes de notre esprit s'introduisent-ils jusqu'aux couches profondes de notre personnalité? Telles sont trois questions parmi d'autres qui nous amènent à revenir sur les fondamentaux de la lecture. Je ne veux pas changer dans les lignes précédentes la double utilisation du verbe "retenir" dans ses deux formes active et passive pour bien exprimer la réalité et la ténacité de ce lien.

Dès que nous apprenons à lire, et sauf accident neurologique grave, nous sommes indissolublement liés à l'écrit, quelle qu'en soit la forme, du calendrier des postes à l'encyclopédie la plus complexe. Les circonstances de cette lecture amènent aussi des variations d'importance dans ce lien spécifique. J'en prendrai pour exemple un passage du Journal et lettres de prison d'Éva Forest aux Éditions des femmes, 1975.

Cette native de Barcelone, médecin psychiatre, s'est engagée dès sa jeunesse dans différents mouvements, dont on peut partager ou non les idéaux. Pour faire bref, disons qu'elle passe d'une lutte à l'autre, où l'on retrouve les mots de paix, solidarité, libération, et que ce parcours se déroule géographiquement ou fonctionnellement entre le Vietnam, l'Amérique latine, la Palestine.

En 1974 elle est emprisonnée en Espagne, et écrit chaque semaine une lettre à ses enfants. L'une d'entre elles évoque sa lecture du Capital de Karl Marx, avec ses co-détenues, dont l'une, d'origine villageoise, étonne notre psychiatre par son approche vivante du texte: elle prétend ne pas comprendre "ces choses" mais pose des questions par lesquelles "la lutte du mouvement ouvrier est replacée dans l'histoire d'aujourd'hui à travers sa riche expérience; elle vit cette lecture avec émotion, une émotion que je n'avais pas retrouvée, moi, en relisant Le capital. ".

Parmi les questions fondamentales, nous retrouvons celle de l'émotion comme mère de la mémoire ( souvenir de Proust, entre autres) ce qui est une notion bien établie en physiologie du comportement, mais également comme moteur de la connaissance et du travail intellectuel: "Et à partir de cette émotion tellement nécessaire, la compréhension ensuite du pourquoi de cette situation, et la nécessité d'approfondir davantage pour se munir d'arguments solides, scientifiques et irréfutables, avec lesquels il devient possible d'étayer les raisons vitales qui nous poussent à lutter pour un monde meilleur où la vie soit réellement humaine."

Ce passage, à mon avis, méritait attention, non pour en tirer un argument politique quelconque, mais pour insister sur le rôle important de l'émotion dans nos processus d'engagement, tout en reconnaissant la difficulté de situer sa place exacte, si tant est qu'il y en ait une. En effet, je n'aurais nullement imaginé que la lecture de cette œuvre eût possédé ce pouvoir émotionnel ressenti ici. Les conditions d
'emprisonnement ont peut-être joué un rôle particulier, et il serait bien intéressant d'interroger l'auteur, trente-cinq ans après les faits.

Le monde de l'émotion est peut-être le plus riche et le moins connu de ceux qui fondent le mystère du cerveau humain. Comme la langue d'Ésope, on pourrait qualifier l'émotion, avec tous ses degrés qui vont de son abolition à ses excès, de meilleure et pire des choses, capable de nous porter aux actions héroïques les plus nobles, ou aux crimes les plus abominables. Nous connaissons sa puissance motrice chez l'être humain isolé, et nous craignons plus encore celle qui s'empare des foules.

Quoi qu'il en soit, Éva Forest, dans cette prison de Yeserỉas, qu'elle comparait à une île en plein Madrid, entendait les trains de la gare d'Atocha, à moins de deux cents mètres, là où, un certain 11 mars 2004, quelques centaines de madrilènes trouvèrent la mort. Quelle émotion avait surgi dans l'esprit des poseurs de bombes, dont personne ne doute qu'ils auraient affirmé participer ainsi à une libération incertaine?
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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 05:54
LETTRE-AUX-FRANCAIS001-copie-1.jpg

 

Poursuivant notre voyage en pays de littérature, j'avais envie de lancer une incursion vers les bases de l'écriture. Nous savons, ou du moins nous entendons, nous prouvons, nous supportons chaque jour les dégats centraux, latéraux, collatéraux et pire encore de la lecture globale doublée de l'écriture globale qui casse les esprits, pervertit les relations humaines, et nourrit la barbarie de demain... un demain qui s'est déjà levé.

 

Alors, plutôt que de me lancer dans un énième article argumenté de neuro-sciences, je cède ma place à un sage réputé, l'émir Abd el-Kader, dans sa Lettre aux Français (traduction de René Khawam; éditions Phébus 1977). Voici le texte de l'émir datant de 1855:

 

Les lettres de l'alphabet arabe sont plus nombreuses que celles des autres nations. Elles sont au nombre de vingt-huit, groupées dans l'ordre suivant: Abdjad hawwaz houty kalmane sa'fas qarachte thakhadh dazagh. Cette classification a pris le nom d'"Abdjad" puisqu’elle comprend huit mots retenus partout, dont le premier est "abdjad" , classification qui reprend toutes les lettres de cette langue sans en répéter une seule. La coutume s'est donc établie de faire retenir celle-ci de mémoire par les débutants, après leur avoir appris à distinguer les lettres alphabétiques simples et composées, en usant de ce classement "naturel" qui a au moins le mérite d'inciter l'esprit à saisir rapidement et à retenir efficacement les données fondamentales de la langue. Le principal bénéfice qu'on en retire est de faire comprendre au débutant, après saisie des lettres simples et composées, que les mots sont le résultat de l'association originale de trois ou quatre lettres, afin qu'il se familiarise rapidement avec les mécanismes d'opposition entre ces lettres et qu'il puisse aborder plus facilement l'étude des mots essentiels de la langue.

 

Il y a encore une autre utilité à ce système: on habitue ainsi les débutants à retenir des mots dotés d'un certain sens, après leur avoir appris une succession de lettres réunies en un ensemble apparemment privé de sens. Car la présente formule induit en réalité les mots suivants:

 

abdjad signifie: il a pris

hawwaz signifie: il a composé

houty signifie: il est arrivé au but

kalmane signifie: il s'est mis à parler

sa'fas signifie: il a pris de la vitesse dans l'instruction

qarachte signifie: il l'a saisie par l'esprit

thakhadh signifie: il a retenu de mémoire

dazagh signifie: il a complété.

 

Après cette merveilleuse approche de l'instruction, je me sentirais privé de mots pour apprécier cette connaissance subtile si le "dazagh" ne m'offrait la possibilité et même le devoir de poursuivre. On objectera que l'instruction, si bien menée soit-elle, n'empêche pas les conflits. J'en suis intimement persuadé lorsqu'on évoque des entités de regroupement (pays, nations, états, clans, ethnies, tribus etc. jusqu'aux familles). Plus bas encore, nous le constatons chaque jour d'individu à individu.

 

Il n'empêche que si la construction de l'être humain passe obligatoirement par des zones de turbulence, elle ne pourra accéder aux zones de calme que par la découverte réfléchie d'un soi chez l'autre, et d'un autre chez soi. Cela est possible sans rien négliger de sa propre essence, ni chez l'un, ni chez l'autre. Mais encore faut-il s'être donné les moyens de la connaître et de ne pas tomber dans le piège de confondre idéal de groupe et groupe idéal, ou pire encore, de vouloir éliminer l'un des deux, ou les deux.  Cela mérite discussion que nous reprendrons. Ici ou par LETTROPOLIS.

 

 

 

 

 

 

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17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 12:02

MER-DOREE-P6050018.jpg

 

Je signale à mes lecteurs un nouveau lien sur ce blog, en direction de poetvie, le site de Charles Baurin. Loin d'être tombé "comme un cheveu sur la soupe", il s'agit d'une nécessité, car la beauté s'y exprime, en prime à la reviviscence du sens, à moins que ce ne soit l'inverse. Et chacun sait que nous avons grand besoin des deux.

 

Si Charles Baurin n'était pas pénétré d'amour de la littérature il ne pourrait jamais écrire comme cela (mais n'oublions pas le talent). S'il n'était pas possédé de beauté, il n'adjoindrait pas à cette écriture ses créations de peintre.

 

Et voici qu'il nous offre une fois encore un jeu de mots, de couleurs, de couleurs de mots, de découvreur de sens. Et qu'on ne vienne pas nous dire que ce ne sont "que des jeux de mots" car ce serait oublier la fonction du jeu. Oui, il existe des fonctions sociales indispensables, indissociables du jeu, qu'il nous prenne dans ses filets par l'intermédiaire d'une loterie quelconque, ou qu'il nous apprenne les règles du lire ensemble, lorsque nous nous y livrons, pour qu'il nous délivre son message. Il y a de la liberté dans le mot "livre". Il suffit qu'on nous apprenne à la voir.

 

Bien que préparant une recension de quelques-uns de ses poèmes pour le site LETTROPOLIS, j'ai choisi de mettre à la disposition de mes lecteurs un poème récemment envoyé par Charles Baurin. Si l'auteur, grammairien d'importance, a lissé la ponctuation jusqu'à la porter vers votre souffle, c'est bien pour nous inciter à le lire à voix pleine, redoublée de sens. J'adjoins en illustration une de ses œuvres intitulée Mer dorée, et dans celle-ci comme dans l'autre, je vous invite à plonger.

 

 

 

le sein du livre

 

noyés dans le sein

le sein du livre

une foule de mots morts se tassent sans mot dire

tous enlierrés de silences de vierge

 

envieux d’un désir fou de communion

l’être à l’esprit affamé d’aimer

caresse de ses doigts la dentelle opaque

brûle d’une mise-amour

jouit d’envie de violer le corps morne

et puis    page par page   

pénètre le monde coconné d’une écriture autre

 

intense charme d’alliage de pensées

respiration étrange à méditer

mise à nu à aimer

culture à cultiver

autre de ses sens à sentir

 

monde de l’écriture

monde humain

monde noyé dans le sein

le sein du livre

 

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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 09:55

DEMOULIN.jpg

 

Je suis bien conscient que certains des articles présentés dans ce blog, axés sur une réflexion littéraire et psychologique peuvent paraître trop théoriques. J'en conviens, mais je refuse de tomber dans les pièges de la pensée journalistique actuelle qui saute d'un sentimentalisme outrancier à une obligation narrative qui ne l'est pas moins. Il suffit d'écouter les thèmes répétitifs (voyeurisme qui ne s'arrête pas aux émissions dites de télé-réalité) et interruptions incessantes des personnes interrogées par le fameux "concrètement... " du journaliste, de plus en plus souvent remplacé par un "très concrètement..." qui démontre, si nécessaire, le tic verbal de la presse (à tous les sens du terme).

 

Lorsque je parle de journaliste, il faut bien comprendre que je dépasse une personne spécifique pour englober la fonction correspondante et les retombées néfastes de certains discours trop répandus sur des pensées mal préparées. Autrement dit, la responsabilité de l'auditeur ne doit pas être écartée. Ce qui signifie qu'il faut lui fournir les armes intellectuelles nécessaires pour ne pas se laisser aller aux pièges évoqués ci-dessus.

 

Aujourd'hui, cette réflexion théorique sera argumentée sur des faits précis. C'est l'automne, pendant la deuxième guerre mondiale. Charles Demoulin pilote de la célèbre escadrille 609 survole la manche aux commandes de son Typhoon, lorsque le moteur tombe en panne. Pas d'autre choix que de sauter en parachute. Mais à cette faible altitude, rien ne peut se passer comme prévu dans le manuel. Bien heureux que le parachute se soit ouvert et n'ait pas été heurté par l'avion. Mais le voici maintenant qui entraîne le pilote sous l'eau.

 

"Je crève de froid, j'avale cette horrible eau salée, je me débats maladroitement, et je commence à paniquer." La noyade n'est pas loin, mais par un sursaut de pensée logique, il se force à des manoeuvres précises:"Mets-toi sur le dos, nage avec les pieds. Tourne ta plaque. Mets les pouces à l'arrière, et appuie calmement sur le bidule."

 

La technique, soutenue par la pensée réussit là où les comportements instinctifs et émotifs du premier instant ne le menaient qu'à la mort. Mais la situation n'en est pas moins grave: le canot gonflable attaché au parachute a coulé avec lui.

 

"D'un seul coup, j'ai atrocement froid, froid aux os. Comme si tous les hivers du monde s'étaient donné rendez-vous dans ma poitrine. Je me sens bien seul, seul avec le bruit de la mer, avec ses vagues vertes écumantes, seul au monde avec moi-même. Enfin, ce qui reste de moi, car le désespoir qui m'a envahi m'affaiblit."

 

Il est sur le point de tout abandonner, lorsqu'une idée lui traverse l'esprit, ou du moins ce qui lui reste de conscience (j'ai repris mot à mot son explication, qui se poursuit ainsi: " Crever pour crever, mais au moins, bats-toi").


Il va en passer du temps, pour que cette histoire nous parvienne. Du temps et de l'espoir proche d'être fracassé. Car la nuit tombe, car les secours éventuels n'arrivent pas, car lorsqu'un avion lui lance un dinghy de sauvetage, celui-ci est entraîné par le courant, forçant Charles Demoulin à nager de toutes ses dernières forces vers l'esquif qui s'éloigne, et qu'il parvient par miracle à le récupérer par un filin... pour s'apercevoir que celui-ci est retourné et qu'il ne peut ni le remettre en bonne position ni grimper sur la coque. Dix, fois, vingt fois, sans résultat.

 

"Alors je passe comme je peux le cordage dans les poignées de ma Mae West, je m'arrime à la bouée flottante, et j'attends."

 

Le temps passe, une fois de plus il est à bout, le froid l'engourdit, il veut dormir. On sait ce que cela veut dire. Mais, une fois de plus:

 

"Idiot, si tu te laisses aller, tu es perdu! Tu vas mourir de froid avant qu'on ne te retrouve. Bouge, nage, pense! Pense à une bonne bière! Pense à une fille! Mais pense donc, bon Dieu!"

 

Une vedette viendra finalement recueillir le pilote, sept heures après son immersion première.

 

Nous pourrions poursuivre la réflexion, argumenter sur les dernières découvertes des neuro-sciences. Mais il suffit. L'histoire devenue parabole portera ses fruits pour que l'homme se rappelle qu'il faut penser pour survivre.

 

Charles Demoulin Mes Oiseaux de feu

Editions du club France-Loisirs Paris avec l'autorisation des éditions Julliard 1982

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8 janvier 2010 5 08 /01 /janvier /2010 21:53

 

Un article récent paru dans le Journal of Alzheimer's disease et repris par l'Express du 8 janvier, nous parle de souris et de téléphones portables. Dans une étude menée par le Professeur Gary Arendash, des souris génétiquement portées à développer une maladie d'Alzheimer ont été soumises pendant plusieurs mois à des émissions d'ondes similaires à celles des téléphones portables. Il s'agissait de prouver leur nocivité. Mais...Oh! Surprise, c'est le résultat inverse qui en a émergé. Ces souris n'ont pas développé la fameuse maladie, ont même bénéficié d'une amélioration de lésions préalables et de leur mémoire. Avec un peu de mauvaise foi, je pourrais en déduire que la gent murine de ce laboratoire avait développé des anticorps contre le « téléphoniquement correct ».

 

Plus près de chez nous, le Professeur Dubois, éminent neurologue et lui aussi fortement impliqué dans l'étude de la maladie d'Alzheimer pose la question de la fiabilité de cet article: biais de l'étude? Simple hasard?

 

Je ne connais pas le Pr Arendash, mais le Pr Dubois jouit d'une réputation méritée. Je lui suis même reconnaissant de m'avoir ouvert une réflexion élargie en ce domaine. Alors??? Alors, voici l'occasion idéale pour suivre quelques pistes de réflexion.

 

La première piste est celle du policier: y a-t-il erreur, mensonge? Et si oui, à qui profite le crime? Celle-ci ne m'intéresse que médiocrement, et même, je préfère l'ignorer. D'abord parce que je ne connais rien de cette expérience. Mais surtout parce qu'elle vient à point pour éclairer mon article d'hier sur les experts. Quelle décision politique prendre « aux dires des experts »? (Pour ne pas alourdir le débat, je passe sur toutes les étapes méthodologiques nécessaires à ce stade). Parce que, l'ennui en médecine, et aussi dans l'histoire des sciences, c'est que la réalité de l'un ne contredit pas forcement celle de l'autre.

 

Ma deuxième piste est beaucoup plus large. Elle pose la question de la crainte pavlovienne de tout nouvel appareil environné du fantasmatique brouillard des ondes. Fantasmatique et néfaste a priori. Pourquoi le seul mot « onde » déclenche-t-il ces craintes dont raffolent les attrape-gogos de toutes origines? Quel mécanisme profondément humain permet à ce message d'émerger au-delà de toute vraisemblance, alors que la simple logique devrait autant faciliter l'interprétation inverse: celle de l'espoir d'un bienfait. Bien entendu, jusqu'à étude sérieuse, les deux hypothèses se valent, et bien souvent finiront par coexister. Mais si ces souris ont raison, oserai-je dire... alors... alors... rien ne changera dans l'esprit humain, surtout s'il résonne à l'en vert. .

 

 

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31 décembre 2009 4 31 /12 /décembre /2009 05:57

 

L'article de Bernard-Henri Lévy paru dans le Point du 18 décembre 2009 prouve son intelligence de manipulateur de mots, mais....

 

Il m'est arrivé de croiser une fois Roman Polanski. C'était il y a de nombreuses années. Nous entrions dans une grande librairie de la rive gauche parisienne, et il s'exclama simplement : «tous ces livres!». Le ton et le regard suffisaient. Nous partagions les mêmes amours... enfin pas tous, si j'en crois, non seulement sa biographie Roman, mais aussi ses récents ennuis judiciaires. De plus je suis redevable à Roman Polanski pour sa remarquable prestation dans Amadeus. C'est dire s'il jouit à mes yeux d'un capital de sympathie.

 

Que s'est-il passé il y a quelques années entre une nymphette américaine et cet homme auréolé des paillettes de la société du spectacle que BHL cite de façon ambiguë dans son article? Je ne le sais pas, mais je sais que la justice américaine a statué et comment elle qualifie ce que BHL rapetisse à la simple expression de «détournement de mineur commis il y a trente-deux ans».

 

Mais Monsieur BHL tonne comme un petit Zeus irrité, fulmine comme un pape de l'intelligentsia, vitupère avec une intelligence de serpent qui siffle sur nos têtes pour s'en prendre au talon. Alors, à quoi riment ces excès de fureur et de bruit? À prouver son indignation? Pourquoi pas? Mais que cache tant de zèle? Pourquoi cette hargne très, trop bien dirigée, contre cette Suisse? Et avec quelles hyperboles!

 

« Les escouades de photographes cherchant le meilleur angle de tir... prisonnier de ses geôliers... harcelé par la meute... la Suisse... traquer, enfermer persécuter, humilier... pays qui a tendu ce piège... abusé de sa confiance, trahi sa propre parole.... qui a fomenté ce fameux et maudit 27 septembre, l'hallucinant traquenard etc. ».

 

Encore tout cela n'est que le rez-de chaussée du magasin. Lorsqu'on l'on passe au sous-sol, c'est une autre fantasmagorie: « bal d'incubes, succubes, tarentules et autres vampires... les spectres et les morts-vivants qui le harcèlent dans la vraie vie».

 

Reste à nous élever vers les étages supérieurs de la pensée, là où le génie peaufine son futur film, au mileu des pires difficultés. «Peut-on, sans y être, du fond de ce qui reste une prison, retravailler un ciel, recadrer un sourire ou un mouvement, récrire une émotion ?» demande Bernard-Henry Lévy qui semble se croire le seul être au monde à comprendre et accompagner les affres de l'artiste maltraité.

 

Tout compte fait, il émane une certaine tristesse à la lecture de cet article. Une tristesse qui amène d'autres questions. De quelle inflammation surgit cet incendie verbal? Quel prurit motive ces divagations? Quelle vérité est censée émerger de ce puits aux échos tonitruants? Pourquoi et sur quelles preuves cette diatribe antihelvétique?

 

Il faut admetre et apprécier le lyrisme, à condition qu'il justifie sa place et qu'il atteigne la vraie qualité, qu'il ne se contente pas de parodier les vieilles envolées prophétiques ni les grands films comme Le Bal des vampires. Et personne, non personne ne peut approuver le dernier paragraphe de son article. Oui, Monsieur le Grand Inquisiteur, des gens ont écrit en prison que « le ciel est par dessus le toit, si beau si calme... » et au moment où paraissent ces lignes, d'autres, artistes ou non, travaillent, libres ou non, manquant de moyens, d'espoir, dans la pénurie financière et la maladie, qu'humilie une tirade comme la vôtre.

 

Dommage pour une belle intelligence. Il fut un temps où l'on se moquait: on trouve de tout au BHL. Vient un temps de tristesse. On n'y trouve plus grand chose derrière le décor.

 

 

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27 décembre 2009 7 27 /12 /décembre /2009 11:04

MEDICIS-2009.JPG

 

 

Je ne pose pas ma candidature, mais:...

 

p 23: Avec cette impression de faire une chose qui n'est pas bon pour moi...

p 43: Je crains qu'un événement si fort soit-il ne pourra jamais bousculer un homme dans ses habitudes.

P 43: Je me demande quand a-t-il su qu'il ne retournerait plus jamais en Haïti et qu'a-t-il senti à ce moment là?

P 85: Je descends dans la rue pour un bain dans ce fleuve humain où plus d'un se noient chaque jour.

P 100: Elle est enfermée dans sa chambre et refuse d'ouvrir à personne.

P 101: C'est pas son genre de parler d'elle

P 134: Quand est-ce que vous avez compris que l'enfer que nous venons d'évoquer n'est pas pour vous?

P 176: Le rire de ces beautés d'un soir dans la nuit parfumée permettront à ce jeune tigre en chasse de les repérer aisément.

P 192; C'est pas si facile que cela d'être au même endroit que son corps.

P 195: On est montés dans ma chambre afin que je me change.

P 244: Au bout de la route on a trouvé un petit hôtel tout bancal où c'était possible de souper.

P 245: On s'est arrêtés à cette guinguette près de la mer.

P 257: Juste avant d'atteindre... on s'est arrêtés à Miragoâne.

 

Ces perles recueillies dans le nouveau tirage de novembre 2009 ne me donnent aucune envie d'acheter le premier pour un exercice stérile de comparaison. Il suffit!

 

Je ne me pose pas en correcteur mais en lecteur, et je me dis que les éditions Grasset se fichent du monde. Entre la coquille inévitable et la casse industrielle il y a un monde qu'un éditeur véritable ne devrait pas franchir. J'ai cru reconnaître dans cette accumulation la trace d'un correcteur orthographique semblable à celui dont j'ai démasqué les méfaits il y a peu (voir mon article « le correcteur corrigé »). Si je me trompe, c'est pire pour la qualité des correcteurs humains.

 

J'ajoute que le tiré à la ligne institutionnel n'est pas de la poésie, quoi qu'on en crie. C'est tout simplement de la vente de papier qui gonfle l'apparence d'un bon texte jusqu'à lui donner celle d'un bon(?) livre.

 

Car le texte de Dany Laferrière est bon. Non pas sublime, mais bon, riche d'images et de réflexions dont la véracité s'impose. Il est même astucieux. Il nous donne envie de mieux connaître cette peinture haïtienne dont j'aime à dire qu'elle développe un baroque tropical qui cache sous ses formes l'exubérance de secrets vivants, vaudou, peut-être, ou autre pensée que j'aimerais mieux connaître. Il a l'intelligence de ne pas nous bassiner outre mesure avec le discours officiel du « tout-esclavagisme » néologisme aussi laid dans son expression qu'historiquement faux. Il essaie intelligemment de trouver une explication à la poussée dictatoriale de l'ex-président Duvallier en le considérant, étudiant possédé de ressentiment, dans son poème Les Sanglots de l'exilé. Il ouvre des pistes sur la vie des livres, des lecteurs et des écrivains, et j'aime qu'il expose cette figure tutélaire, qui, « barbu plein de fureur et de douceurs, au milieu d'une meute de chiens, tente d'écrire le grand roman américain... le seul, aujourd'hui, qui sache danser avec les fantômes, les fous et les morts ». Nous partageons l'admiration pour ce grand auteur qu'est Victor-Lévy Beaulieu.

 

Je pourrais écrire « bien des choses en somme » sur ce texte de Dany Laferrière. Mais si j'étais à sa place, je serais furieux, d'une colère de forte nature. Je serais furieux de ces fautes de français insupportables. Je serais furieux de cette bonne prose dévergondée en pseudo-poésie de bas étage, sous prétexte de rejet à la ligne. Je serais furieux, de cet article de Pierre-François Ghisoni qui pose la question du véritable travail entre l'auteur-étalon et l'éditeur-cavalier. Et si cette colère ne devait retomber que sur l'auteur de ces lignes, elle signerait alors l'aveu d'une belle faiblesse, un nouveau duvalliérisme littéraire d'auteur ou d'éditeur.

 

L 'énigme du retour... de flamme?

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21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 07:28

 

Bien des textes explorent les définitions de l'écriture, de ses formes, de sa vie. Il en est moins qui posent plus crûment comme question: un écrivain, mais qu'est-ce au juste?

 

Il est une façon indirecte d'avancer des réponses, c'est de demander leur avis à ceux qui ne le sont pas. La pratique du micro-trottoir amènerait certainement un bêtisier surprenant, trop facilement détourné vers le simple amusement. Il en est une autre qui explorerait le fond commun des clichés: le génie méconnu, la chambre sans chauffage, et autres lieux communs qui s'adaptent assez facilement au peintre, à l'inventeur, et presque, il y a peu encore, à l'étudiant studieux.

 

Mais le regard des autres peut être capté par l'écrivain soi-même. Dans ce chef d'œuvre de Jack London qu'est Martin Eden, il existe un passage significatif (entre autres). C'est le chapitre 34 dans lequel le héros se heurte coup sur coup aux regards des deux femmes auxquelles il donne son amour et son argent.

 

Lorsqu'il présente sa dernière œuvre, celle qui est "si différente qu'elle lui fait un peu peur" à Ruth, l'élue de son cœur, la belle jeune fille ne trouve comme réponse que celle de son milieu social élevé: "Croyez-vous que cela se vendra?". Peu après elle considère comme grossiers, les dialogues de Wiki-Wiki: Une faute de goût. Martin Eden ne peut que répondre brusquement: "c'est la vie vraie. Je ne peux la dépeindre que comme elle est".

 

Et comme Martin Eden a déboursé ses derniers dollars à éviter une saisie à sa logeuse, et qu'il n'a donc pas de quoi s'habiller de façon assez chic, la jeune fille le quitte sur une promesse illusoire de futures invitations dont on devine qu'elles ne viendront jamais.

 

Il se trouve alors que sa logeuse étant malade, Martin, qui a fait cent petits métiers, s'applique à laver et à repasser le linge fin dont elle devait se charger. Elle lui en vaudra une sincère et définitive reconnaissance; mais en même temps, "il tomba du piédestal où elle l'avait placé... Ce n'était qu'un simple ouvrier comme elle, comme tous ceux de son milieu et de sa caste, et s'il en était devenu plus humain, plus approchable, tout son attrait mystérieux avait disparu."

 

Ce chapitre 34 mériterait de plus amples développements, car il nous montre encore l'écrivain en butte à la vindicte de deux hommes qui le jalousent ou le méprisent. Mais cela est plus commun.

 

Elle est fondamentale, cette incompréhension bilatérale; de quelque côté que proviennent les regards, ils ne font que transposer des images toutes faites. Tout se passe comme si l'homme écrivain échappait aux autres, et spécifiquement à ceux à qui il donne sa part la plus humaine qui soit, d'amour ou d'aide amicale. Et le seul espoir fugitif de cette fin de chapitre est l'ombre du seul homme qui l'encourage, "Brisseden, "dont les poches étaient pleines, l'une de livres, l'autre de whisky".

 

 

Nous approchons là du grand paradoxe du livre. On a écrit, (Jack London le premier) qu'il s'agissait d'une attaque contre l'individualisme, le culte de la volonté, les thèses de Nietzsche. Tout cela est bien beau, bien théorique, mais à coup sûr ce sont plus des écrits d'auteur que des écrits d'écrivain. Car ce seul chapitre 34 replace l'écrivain à sa vraie place: Martin Eden est un titan vaincu, mais un titan que ne porte nulle basse envie, nulle volonté de détrôner quelque divinité olympienne. Il a besoin d'une ombre tutélaire qui partage ce piédestal et cet équilibre fragile.

 

On prend ici la mesure de ce texte dont j'ose affirmer qu'il traduit la grandeur de l'écrivain, et la relative déception que cause l'homme qui en fut l'auteur. En effet, Jack London ne faisait pas mystère de ses idées socialistes (mot à prendre avec le sens américain de l'époque). Il affirmait sa foi en l'homme, à l'inverse de Martin Eden dont il ne voulait pas épouser une prétendue volonté de puissance, cause finale de son suicide. Mais aucun psychiatre ne se laissera prendre à cet argumentaire, ce piège qui se retourna peut-être contre son auteur.

 

Martin Eden est peut-être le plus beau texte jamais écrit sur le combat de l'écrivain contre les ombres, par lesquelles se détache sa vraie lumière. Mais c'est aussi le livre que tout écrivain devrait avoir peur de lire.

 

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  • Pierre-François GHISONI
  • la littérature en partage
L'homme avant les termites
L'idéal sans l'idéologie
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