La mer, tout en bas, apaisée pour la nuit,
Epousait une traînée de lune.
Les étoiles vivaient en leur mystère;
Quelques-unes mouraient peut-être.
Ici, pour un temps, la falaise résistait
Au charme troublant de l'abandon,
Et la petite fiancée du vide
Hésitait au seuil des noces.
Un pin solitaire avait grandi tout près.
Leurs confidences chuchotées au vent
Scellaient depuis longtemps la tendresse
De leur amour nostalgique.
Souvent, le soir, un vieil homme venait rêver.
Son coeur simple sentait venir le temps
Où la sérénité est vertu
Après les tourments passés.
Tirant quelques bouffées de son vieux cigare
Il aimait à deviner au loin
Les lueurs venues du pays natal
Si proche, pourtant si lointain.
Sûrement là-bas, dans l'odeur des jasmins,
La nuit complice nouait des destins
Et les palmiers pourraient raconter...
Mais il ne regrettait rien.
Et, doucement, renversé, les yeux mi-clos,
Demi-dieu entre le ciel et l'eau,
Il arrachait du phare d'Alicante
Des parcelles d'éternité.